Autant il avait raison lorsqu'il avait affirmé "qu'avant (sa) venue, personne ne misait sur deux victoires consécutives du MCO face au CSC et au NAHD", autant Jean-Michel Cavalli avait tort lorsqu'il avait osé une grotesque comparaison entre son jeune attaquant Mounir Fekih et les anciennes idoles de la Juventus de Turin et de Manchester United, respectivement Michel Platini et Eric Cantona. Pour rappel, incorporé à la place de l'attaquant Nekkache à la 84e minute de jeu, le jeune international olympique Mounir Fekih a été rappelé sur le banc par Jean-Michel Cavalli six minutes seulement après son entrée en jeu, le remplaçant par le défenseur latéral droit Chafik Bourzama. Tour à tour, surpris, choqué, énervé puis abattu, Fekih a éclaté en sanglots dans le vestiaire, en dépit du succès mouloudéen qui a permis aux Rouge et Blanc de passer les fêtes de l'Aïd parmi les cinq premiers du classement, une première depuis bien longtemps. Même les mots réconfortants de ses coéquipiers Ouasti, Bourzama et Bezzaz n'y feront rien : Fekih quitta le vestiaire les yeux rouges et larmoyants, la démarche tremblante et le visage fermé par une mine des mauvais soirs. Pour autant, son entraîneur ne semblait pas avoir réellement mesuré l'ampleur des dégâts. "Je suis là pour gérer une équipe et non pas un seul joueur", soulignera, sourire aux coins des lèvres un Cavalli qui niera dans la foulée "avoir sorti Fekih parce qu'il venait de rater" son face-à-face avec Ghalem, le gardien du NAHD. "C'est comme un fils pour moi. C'est un très bon joueur, un international olympique et moi, je respecte beaucoup l'EN pour avoir été sélectionneur. Si j'ai fait remplacer Fekih, c'est en raison d'un changement tactique. J'ai laissé Zaâbiya car il est plus expérimenté, plus technique et qu'il pouvait garder la balle. Et puis, ça n'est pas arrivé seulement à Fekih d'être remplacé quelques minutes après avoir été incorporé. Même Michel Platini et Eric Cantona ont vécu ça", lancera, les yeux écarquillés, Jean-Michel Cavalli. Une affirmation qu'il n'aurait, toutefois, pas dû répéter, notamment en faisant référence à l'actuel président de l'UEFA et ancienne idole de la Juventus de Turin dont il a même été désigné "joueur du siècle". D'autant plus qu'une rapide investigation de Liberté conduit à un résultat qui ne devrait étonner personne : contrairement à ce qu'affirme Cavalli, le Français Michel Platini n'a jamais été remplacé quelques minutes seulement après avoir été lancé en jeu, blessures mises à part. A travers les 378 pages de son livre, Platini, le roman d'un joueur, édité par Flammarion en 1998, Jean-Philippe Leclaire, grand reporter à l'Equipe Magazine n'a jamais fait mention d'un tel évènement. Pourtant, ce "roman d'un joueur", comme l'atteste l'auteur lui-même, raconte l'évolution de Michel Platini depuis sa naissance le 21 juin 1955 à l'hôpital Génibois de Joeuf jusqu'à sa nomination à la tête du comité d'organisation du Mondial 98, en passant par son enfance à la rue Saint-Exupéry, Nancy, les Verts, la Juve et l'Equipe de France. A moins que Cavalli se souvienne d'une "anecdote" que le Roi Michel lui-même aurait oubliée... R. B.