Près d'une soixantaine de personnes, dont plusieurs d'un âge certain, ont empêché l'accès des engins de l'entreprise sur le site Thik-Remtath à proximité de l'échangeur d'Ahnif qui doit relier la ville de Béjaïa. Moins d'un mois après la visite du ministre des Travaux publics, Abdelkader Kadi, sur le site de la pénétrante autoroutière d'Ahnif, les propriétaires terriens d'Ahnif et d'Ath Mansour sont revenus à la charge, hier matin, en empêchant l'entreprise chinoise CRCC d'entamer les travaux. Ainsi près d'une soixantaine de personnes, dont plusieurs d'un âge certain, ont empêché l'accès des engins de l'entreprise sur le site Thik-Remtath à proximité de l'échangeur d'Ahnif qui doit relier la ville de Béjaïa. "Nous avons discuté avec le ministre des Travaux publics au mois de septembre lors de sa visite, il nous a rassurés et donné des garanties pour que nous soyons indemnisés selon le même barème que celui appliqué dans la wilaya de Béjaïa. Mais voilà, les autorités nous ont joué un mauvais tour en calquant le barème appliqué dans la commune de Boudjelil (Béjaïa) où les terrains sont pauvres et sans rendement agricole. Nous refusons catégoriquement d'être comparés aux agriculteurs de cette contrée dont la terre est infertile !", dénonce un quinquagénaire d'Ahnif. Alors que le ton est monté d'un cran entre les responsables de l'entreprise CRCC et les contestataires, le directeur des travaux publics de Bouira ainsi que le directeur de la règlementation et des affaires générales (Drag) sont venus en renfort afin de calmer les esprits, mais ce sera peine perdue. Les propriétaires terriens, s'estimant "lésés à outrance", expliqueront aux directeurs de wilaya qu'ils sont "victimes de hogra" et de mesures discriminatoires par rapport aux expropriés de la wilaya de Béjaïa, hormis ceux de la commune de Boudjelil : "Vous ne pouvez pas comparer le rendement en huile d'olive de nos arbres à des oliviers de Boudjelil qui poussent sur un sol calcaire. Cela s'apparente à une violation de propriétés privées ! Vous voulez nous expulser de nos terres sans nous dédommager convenablement ! C'est de la hogra !" Voyant qu'aucun dialogue n'était possible, les deux directeurs ont dû quitter "le terrain des négociations" en promettant, une fois de plus, d'alerter leur tutelle afin de transmettre les doléances exprimées par les protestataires. Pour rappel, les propriétaires des terres visées pour la réalisation du projet de la pénétrante de Béjaïa avaient rejeté le premier barème des indemnisations avant de voir un deuxième barème appliqué. Sur les 8 kilomètres à Ath Mansour et les 6 kilomètres à Ahnif la superficie expropriée avoisine les 112 hectares avec un nombre d'arrêtés de prise de possession d'urgence de 257. Après réévaluation, le montant de l'AP pour l'expropriation est passé à 85 milliards et le montant de consignation des fonds a été revu à 55 milliards engagés et admis pour la commune d'Ath Mansour. En rencontrant les contestataires le mois dernier, le ministre des Travaux publics leur avait bien fait comprendre qu'il fallait impérativement laisser l'entreprise travailler et que les autorités se chargeraient de répondre à leurs doléances : "Vous serez dédommagés selon un barème spécifique, si vous refusez, vous pouvez aller en justice et nous nous plierons au jugement, mais en attendant, laissez-nous entamer les travaux." Pour les propriétaires terriens interrogés, leur bien a été sous-estimé, ils exigent un prix oscillant entre 3 000 et 4 000 DA le m2 pour un terrain nu et entre 40 000 et 50 000 DA pour un olivier. Jusque-là, il leur avait été proposé l'indemnisation de terrains agricoles nus à 300 DA le m2, l'olivier adulte à 50 000 DA, l'arbre moyen à 30 000 DA et enfin l'arbuste (plants) à 2 000 DA. À noter que ces citoyens affirment déjà avoir été confrontés à un problème similaire lors du passage de la canalisation de transport AEP reliant le barrage de Tilesdit vers la wilaya de Bordj Bou-Arréridj. Les propriétaires terriens exigent d'être indemnisés selon un barème "juste et approprié" afin de lever toutes les contraintes rencontrées par les pouvoirs publics H. B.