La production nationale de médicaments ne couvre aujourd'hui que 33% des besoins nationaux, les deux tiers sont assurés par l'importation. On est donc loin de l'objectif assigné par les pouvoirs publics : atteindre le taux de 70% de couverture de la demande locale en 2014. Pour le premier responsable de l'Unop, les 70 unités de production que compte le pays peuvent, en un laps de temps très court, satisfaire la grande partie des besoins nationaux. Pour peu que les pouvoirs publics lèvent les contraintes qui pèsent sur l'industrie pharmaceutique locale, à savoir les lenteurs dans l'enregistrement des médicaments, le problème du foncier et celui lié à l'application du tarif de référence. Pour l'instant, les voix des industriels ne sont pas écoutées. Le gouvernement a d'ailleurs reporté à 2019 la couverture à 70% des besoins nationaux par la production locale. Paradoxe : l'industrie pharmaceutique locale est en surcapacité. Les dizaines d'unités en cours de réalisation vont accentuer le phénomène. Donc, on a une infinité d'unités de production, conséquence de l'obligation instituée par l'Etat de produire pour les importateurs et celle, plus récente, d'interdire l'importation des produits fabriqués localement. Le marché est ainsi dominé par les laboratoires étrangers qui distribuent en Algérie les médicaments les plus essentiels, notamment en cancérologie, cardiologie, gynécologie et gastrologie. Les producteurs se limitent, pour la plupart, à la fabrication d'antibiotiques et de sirops. Ils sont peu présents dans la fabrication de médicaments pour les maladies chroniques. Ce qui explique en partie l'envolée de la facture importation en dépit de la présence d'un tissu important d'unités pharmaceutiques en Algérie. Saidal et d'autres producteurs tentent, cependant, d'investir les produits réservés aux laboratoires internationaux, via les génériques ou les partenariats avec de grands groupes étrangers. Mais le plan de développement de Saidal ainsi que les autres investissements productifs tardent à porter leurs fruits. Le premier mûrira sans doute en 2016. On attend beaucoup du pôle industriel de Sidi-Abdallah où des dizaines d'unités pharmaceutiques sont en cours de réalisation. Encore faut-il que l'Etat régule cette industrie de manière à ce que la production s'oriente vers les médicaments les plus essentiels, ceux qui coûtent le plus cher actuellement. La voie du générique est l'une des solutions. Mais aussi la recherche dans les molécules en s'appuyant s'il le faut avec des partenaires de la rive Sud : Inde, Cuba... Encore faut-il aussi que l'Etat régule également la distribution. Son organisation imparfaite est la cause de ces pénuries de médicaments. On enregistre également des pratiques discriminatoires dans certaines officines où des médicaments moins efficaces sont privilégiés par rapport à d'autres dont une partie est produite localement.