La ville de Benghazi, dans l'Est libyen, est à nouveau le théâtre d'affrontements meurtriers après l'offensive lancée par les forces du général Haftar contre les milices islamistes qui contrôlent la deuxième ville du pays. Au moins 25 personnes ont été tuées depuis le début mercredi matin de cette nouvelle intervention des forces du général Haftar, appuyées par l'armée, selon un nouveau bilan d'une source hospitalière. Les forces de Haftar avaient annoncé mercredi avoir pris le contrôle du QG de la milice appelée Brigade du 17-Février, situé dans la banlieue ouest de la ville. Mais une source militaire a indiqué jeudi que les forces pro-gouvernementales avaient dû se retirer de cette ancienne base militaire prise pour cible par les milices islamistes. Les combats ont toutefois baissé d'intensité jeudi, alors qu'un hélicoptère et un avion militaires survolaient la ville. Jeudi, après une matinée relativement calme, des combats violents ont repris dans cette banlieue ouest, dans les quartiers d'Al-Guewarcha et Garyounes où une "guerre de rue" était en cours à proximité de zones résidentielles, selon des témoins. Cette nouvelle offensive du général Haftar, appuyé par l'armée régulière libyenne, intervient dans un pays plongé dans le chaos et livré aux milices depuis le renversement du dirigeant Mouamar Kadhafi au terme de huit mois de conflit en 2011. Elle s'inscrit également dans le sillage de l'opération qui avait été lancée en mai par ce même général contre les milices qu'il a qualifiées de "terroristes". le général controversé avait été alors accusé par les autorités de transition de tenter un coup d'Etat. Les observateurs relèvent à ce sujet, le rapprochement du gouvernement de transition reconnu par la communauté internationale, et dirigé par Abdallah al-Theni, du général Haftar, qui se présente comme "le sauveur de la Libye", pour avoir participé à la révolte contre Kadhafi, en 2011. ils expliquent surtout, par le fait que, contrairement aux islamistes, les autorités de transition ne disposent pas de milices pour pouvoir s'imposer. Mais, ce rapprochement entre Haftar et les autorités de transition a été dénoncé par la coalition des milices armées, notamment islamistes, et originaires de la ville de Misrata (est de Tripoli), qui contrôle la capitale depuis août. Cette coalition Fajr Libya(Aube de la Libye), qui a formé un gouvernement parallèle, a récemment élargi son offensive à l'ouest de Tripoli. Depuis quelques jours des combats font rage entre Fajr Libye et des forces de Zenten (ouest) et de leurs alliés, en particulier autour de la ville de Kekla, à une centaine de kilomètres au sud-ouest de Tripoli. Selon les experts, la nouvelle flambée de violences menée contre les milices islamistes réfractaires au processus démocratique et l'établissement d'un Etat, risque de compromettre le dialogue politique lancé par l'ONU fin septembre dans le but de mettre fin à l'anarchie institutionnelle dans le pays. D'où l'appel, lancé par le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon , lors d'une visite à Tripoli samedi dernier, à la fin des hostilités, réclamant notamment un arrêt des combats entre les forces de Haftar et les islamistes. D'ailleurs, nombre de spécialistes se demandent alors, l'efficience d'un dialogue, en l'absence des islamistes qui, en dépit de leur force sur le terrain, en sont exclus, sous le motif d'usage de la violence. A. R.