Après une éclipse de plusieurs mois, le général Khalifa Haftar réapparaît, partant à la «reconquête» de Benghazi Haftar, qui a promis un retour de la paix et de la stabilité à Benghazi, a également prévenu que les «prochains heures et jours» seraient «difficiles». Les forces loyales au général libyen, Khalifa Haftar, ont lancé hier une nouvelle offensive pour tenter de reconquérir Benghazi, l'une des zones les plus troublées de la Libye, au moment où le conflit entre milices armées visant le pouvoir s'étend à d'autres villes voisines. Alors que depuis Tripoli, le secrétaire général de l'ONU appelait samedi à cesser les hostilités afin de booster le dialogue national lancé en septembre, des chars ont lancé hier un assaut contre la «Brigade du 17 février», une milice armée, tandis que les forces aériennes loyales au général Haftar menaient des raids contre cette milice dont le quartier général est situé à l'ouest de la ville. Le général Haftar qui dit commander l' «Armée nationale libyenne» (auto-déclarée), a annoncé mardi soir que ses forces étaient prêtes à «libérer» la ville de Benghazi des groupes qu'il a qualifiés de «terroristes», dans un discours à la télévision. La libération de Benghazi «est une étape stratégique, la plus importante dans la bataille de l'armée contre le terrorisme» dans toute la Libye, a déclaré le général Haftar, en intervenant mardi soir sur la chaîne de télévision privée Libya Awalan. Haftar, qui a promis un retour de la paix et de la stabilité à Benghazi, a également prévenu que les «prochains heures et jours» seraient «difficiles». Un de ses porte-parole a appelé dans le même temps les jeunes de Benghazi à sécuriser leurs quartiers et à ne pas permettre aux milices islamistes d'y accéder. Les forces de Haftar, qui défendent depuis plusieurs semaines l'aéroport de Benghazi, leur dernier bastion depuis qu'elles ont perdu les principales bases militaires, affrontent quasi-quotidiennement une coalition de milices dite «Conseil de la Choura des révolutionnaires de Benghazi». Cette coalition classée organisation terroriste par Washington, est commandée notamment par Mohamed al-Zehawi, chef d'Ansar Ashari'â et regroupe des radicaux et d'autres plus modérés. Ces affrontements ont fait plus de 50 morts la semaine dernière. L'opération lancée en mai par Haftar, qui avait pris part à la révolte contre le régime de Maâmar El Gueddafi, n'a jusqu'à présent pas remporté beaucoup de succès. Une vingtaine de personnes ont été tuées ce week-end en Libye, à quelques dizaines de km de l'Ouest de Tripoli alors que le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki moon, en visite surprise samedi dans la capitale libyenne, a appelé à la poursuite du dialogue national lancé en septembre et à cesser les hostilités. Des affrontements ont eu lieu tout le week-end à Kikla, une vingtaine de personnes ont été tuées et des dizaines blessées, selon des sources médicales. La ville de Kikla aurait été attaquée par des milices de la ville de Zenten (ouest), opposés à la coalition «Aube de la Libye» qui les a chassés de la capitale. Ces nouveaux affrontements interviennent après la visite du secrétaire général des Nations unies, dans la capitale libyenne, destinée à donner un coup de pouce au dialogue initié par l'ONU fin septembre, en parallèle aux efforts déployés notamment par l'Algérie, pour stabiliser la situation dans ce pays. «Sans un arrêt immédiat des affrontements violents et sans le rétablissement d'une paix durable, prospérité et vie meilleure seront un rêve lointain», avait indiqué le secrétaire général, appelant «tous les groupes à cesser les combats». Relevant l'importance de l'initiative algérienne dans le règlement de la crise libyenne à travers un dialogue inter-libyen inclusif, le SG de l'ONU avait souligné qu' «il n'y a pas d'alternative au dialogue, qui doit inclure sans exception toutes les parties libyennes», notant que le «chemin sera long et difficile». Le rôle de l'Algérie dans le dialogue inter-libyen consiste à «faciliter» son lancement, a indiqué mardi à Alger le ministre des Affaires étrangères Ramtane Lamamra. «La situation en Libye et sa complexité exige un consensus permettant de lancer un dialogue sur des bases communes, des principes et des objectifs approuvés par tous». «Le rôle de l'Algérie étant de faciliter cette démarche, nous devons alors écouter les protagonistes libyens puis rapprocher les vues pour lancer le dialogue en Algérie ou en Libye», a précisé M. Lamamra. Outre le chaos et les violences, la Libye est en proie à une anarchie institutionnelle sans précédent, avec deux gouvernements et deux Parlements concurrents se disputant la légitimité politique. Le gouvernement d'Abdallah al-Theni et le Parlement reconnus par la communauté internationale ont été contraints de s'exiler à l'extrême est du pays, une région contrôlée par les forces de Haftar, pour échapper aux milices.