La situation des policiers à la retraite ou en invalidité n'a pas été prise en compte dans les revendications socioprofessionnelles, présentées par leurs collègues actifs de la brigade d'intervention, lesquels ont recouru à une imposante démonstration de force pour les satisfaire. Ils sont des milliers d'agents de la Sûreté nationale à avoir quitté prématurément le service actif du corps pour cause d'accidents de travail (attentat terroriste, maladie chronique ou agressions par armes dans le cadre professionnel...) qui les ont rendus inaptes à assurer leurs fonctions. Leur seul revenu est une pension d'invalidité, versée par la Caisse nationale des assurés sociaux, calculée sur la base du dernier salaire de poste ou celui le plus favorable durant les trois années ayant précédé l'accident. Dans la majorité des cas, ces policiers en invalidité perçoivent des mensualités à peine supérieures au SNMG, fixé à 18 000 DA. Des sommes dérisoires eu égard au coût de la vie de plus en plus élevé. À l'érosion de leur pouvoir d'achat se greffe un sentiment de déni de reconnaissance pour devoir accompli et services rendus à la nation, puisque ces ex-agents de la Sûreté nationale n'ont pas été touchés, non plus, par les augmentations dont ont bénéficié leurs collègues actifs en 2012. Aucune disposition particulière n'a été formulée, à leur avantage, dans le nouveau statut de la Sûreté nationale. Et voilà que les recrues de la Police nationale viennent de bénéficier d'une revalorisation de leurs salaires et d'une amélioration de leurs conditions de travail, sans que les agents inactifs puissent en profiter aussi par effet boule de neige. Cette fois-ci, ce sont leurs propres collègues qui ont omis de les intégrer dans la plateforme de revendications, alors qu'ils ont pensé aux policiers révoqués du corps. Il serait pourtant juste que les autorités compétentes se penchent sérieusement sur les cas des policiers en invalidité, qui ont, jusqu'alors, la sagesse de ne pas sortir dans la rue pour rappeler leur droit d'avoir des revenus à la hauteur des sacrifices rendus à la nation. D'autant que la plupart ont rejoint les rangs de la police à la fleur de l'âge durant les années paroxystiques du terrorisme. Ils constituaient, à l'époque, une cible de choix pour les groupes islamiques armés. Parmi les solutions envisageables, élaborer une loi spécifique à cette catégorie, comme ce fut le cas pour les militaires. La loi portant revalorisation des retraites des militaires, qui a été promulguée il y a quelques mois, contient des dispositions en faveur des appelés et rappelés du Service national blessés dans le cadre d'opérations de maintien de l'ordre, de lutte antiterroriste, ou déclarés inaptes pour infirmités ou maladies imputables au service ou aggravées par le fait du service. Il suffit de revoir à la hausse les pensions des policiers en invalidité et/ou à la retraite et de les faire profiter, autant que possible, des avancements prévus dans le plan de carrière et de grade, qu'ils auraient obtenus s'ils étaient toujours en fonction. Ce n'est que justice. S. H.