Le statut particulier de la police devra être adopté avant la fin de l'année. La nouvelle suscite, néanmoins, de grosses appréhensions du côté des policiers, victimes d'un accident de travail, qui redoutent d'être encore une fois oubliés dans les nouvelles dispositions prises par la DGSN, déjà qu'ils ont été fortement déçus de ne pas être touchés par les dernières augmentations de salaires dont a bénéficié le corps. Il sont des centaines, en effet, à être versés dans l'effectif des inactifs à la suite de séquelles gardées après un attentat terroriste, une maladie chronique, ou une agression par balle de la part d'un collègue. Ils subsistent avec une pension d'invalidité qui devient dérisoire au fil des années, eu égard à la hausse constante du niveau de vie. Le montant annuel de ladite pension représente un pourcentage calculé sur la base du dernier salaire de poste ou celui le plus favorable durant les trois années ayant précédé l'accident. C'est absolument infime, sachant qu'un agent de l'ordre public, mis en invalidité en 2002 par exemple, percevait à peine 15 000 dinars. Le service social de la Sûreté nationale procède périodiquement à des aides envers cette catégorie. Cette assistance reste, néanmoins, insuffisante par rapport à la cherté de la vie et à la vulnérabilité de leur état de santé qui exige d'énormes frais médicaux. La qualité de vie est souvent détériorée à cause d'une amputation, une paraplégie ou autre handicap physique comme la cécité. Cela nécessite un matériel médical spécifique, rarement disponible localement, un appareillage et bien d'autres produits indispensables à leur survie. À ces conditions sociales très difficiles, s'ajoute le sentiment d'un rejet par un corps professionnel, auquel ces ex-policiers ont tant donné. Ils veulent être considérés en tant que victimes du devoir national et préserver leur famille du besoin, voire de l'indigence. Le nouveau statut de la Sûreté nationale est censé soustraire ce corps à la Fonction publique. Alors pourquoi ne pas donner la latitude aux ex-agents de la police actuellement en invalidité, de reprendre la vie active par le truchement de postes aménagés au niveau des services administratifs. Ainsi, ils se sentiront utiles et leur vie aura, à nouveau, un sens. D'autant que la plupart d'entre eux sont jeunes et ont des aptitudes professionnelles avérées. À vrai dire, l'expérience n'est pas inédite. Elle a déjà été tentée avec quelques artificiers, ayant perdu un ou les deux membres inférieures, dans l'exercice de leur fonction, c'est-à-dire au moment où ils s'appliquaient à désamorcer des bombes. Ils ont été réintégrés à leur poste après avoir bénéficié de soins à l'étranger et ont été équipés de prothèses de qualité. La Sûreté nationale a pu ainsi continuer à profiter de leur expérience. Pourquoi ne pas donner une chance similaire aux paraplégiques et autres grands malades en invalidité ? Il sera juste aussi, de l'avis de très nombreux ex-policiers en invalidité, de trouver une solution pour revoir à la hausse leurs revenus mensuels, de continuer à les faire profiter des avancements prévus dans le plan de carrière et de grade, ne serait-ce que par reconnaissance pour les services rendus au corps et à la nation aux pires moments de leur histoire. C'est le message qu'ils veulent, aujourd'hui, transmettre au nouveau DGSN. Sera-t-il sensible à leur situation ?