Le cinquantième anniversaire de la création de Sonatrach, qui correspond à celui de la nationalisation des hydrocarbures quelques années après, aura constitué, en 2013, deux faits majeurs dans l'histoire récente de l'évolution du secteur énergétique algérien. Ces deux événements ont donné lieu à des débats riches, souvent contradictoires, mais certainement fructueux, entre les spécialistes, les anciens et les actuels responsables de l'énergie, autour de l'état des lieux actuel du secteur, de la problématique de sa gouvernance, ainsi que des perspectives stratégiques de son développement à moyen et long termes. Cette année, le 12 du mois en cours, s'est tenue à Oran la Conférence internationale sur les ressources non conventionnelles sur fond de retournement des cours du pétrole et des hésitations des compagnies pétrolières étrangères à investir en Algérie. En vérité, cette "ébullition" exprime à la fois une panique des autorités algériennes face à la baisse de la production, celle de nos exportations, ainsi que la contraction de nos recettes extérieures et leurs conséquences sur nos équilibres financiers. Comme elle exprime les appréhensions quant aux hésitations des investisseurs étrangers à privilégier la destination Algérie. L'échec du quatrième appel d'offres relatif à l'exploration, où seuls quatre périmètres sur 31 ont été attribués, accentue les craintes des pouvoirs publics qui s'efforcent de rassurer les partenaires étrangers ainsi que l'opinion publique nationale en minimisant les risques sur l'environnement ainsi que sur nos ressources hydriques liés à l'exploitation du gaz de schiste, option définitivement prise par le gouvernement. Le ministre de l'Energie, animé par d'autres préoccupations, avait affirmé devant les parlementaires qu'à "l'horizon 2030, notre consommation en produits énergétiques se chiffrera entre 80 et 85 milliards de dollars par an. Si nos ressources conventionnelles venaient à se tarir et si nous décidons de ne pas exploiter les hydrocarbures non conventionnels, comment pourrions-nous régler cette facture sans un niveau acceptable d'exportations d'hydrocarbures ?...". À travers ces propos avancés lors de la présentation du projet d'amendement de la loi sur les hydrocarbures, les axes principaux de la stratégie énergétique à moyen et long termes apparaissent clairement. Il s'agit pour les pouvoirs publics d'attirer les investissements des compagnies pétrolières étrangères dans les domaines de la recherche et de l'exploration de nouveaux gisements en énergies non conventionnelles (notamment le gaz de schiste) et renouvelables, en vue d'anticiper les bouleversements qui agitent le secteur mondial de l'énergie, en opérant la transition énergétique dans les meilleures conditions. La tendance baissière des cours du pétrole avait déjà fait dire à Youssef Yousfi, lors du1er forum international sur l'énergie "Algeria Future Energy Conférence", du 4 au 6 novembre 2012, sous le thème "Libérer le potentiel énergétique de l'Algérie" et qui a été une opportunité pour les autorités algériennes d'affirmer leur stratégie : "L'Algérie ne va pas être spectatrice des bouleversements qui sont en cours sur la scène énergétique internationale, elle a l'ambition de continuer à jouer ce rôle positif et constructif sur la scène énergétique et gazière dans le monde." Par ailleurs, en marge de la Conférence internationale sur les ressources non conventionnelles, une table ronde, organisée par Canal Algérie et regroupant notamment le vice-président de SH chargé de l'amont et du directeur de shale gaz du même groupe, n'a pas apporté toutes les réponses attendues. Pour ces deux responsables, "il est impossible d'évaluer avec précision les réserves en gaz de schiste, mais néanmoins, certaines statistiques, à partir d'études pilotes menées sur certains périmètres, permettent d'estimer ces réserves à 20 000 milliards de mètres cubes". S'agissant du rapport coût/rentabilité, ces derniers ont estimé que par analogie avec l'expérience américaine dans ce domaine, un puits coûterait environ 50 millions de dollars. Il faut aller vers une approche d'économie d'échelle en tablant sur le forage de 100 puits pour réduire les coûts. Quant à la rentabilité, chaque périmètre recèle ses propres caractéristiques géologiques et autres, et seules des études préliminaires (pilotes), qui nécessitent un délai de deux à quatre ans, nous permettront de cerner la rentabilité de chaque puits. Pour ce qui concerne l'impact sur l'environnement, selon ces deux responsables, SH dispose d'une expérience dans ce domaine, puisqu'elle a eu à effectuer des opérations de fragmentation hydraulique. Le tout est de maîtriser les techniques de cimentation des puits pour éviter de polluer les nappes aquifères. Dans ce but, SH a envoyé en Amérique une centaine d'ingénieurs et de techniciens pour se former et se familiariser avec ces techniques.