Deux débats sur la situation énergétique de l'Algérie se sont déroulés récemment dans notamment deux forums successifs. L'un organisé par le cabinet de consulting stratégique Emergy, organisé le 23 février, consacré à la nationalisation des hydrocarbures et l'autre organisé par le cabinet international CWC Group dans le cadre du 1er Forum international sur l'énergie, Algeria Future Energy Conférence du 4 au 6 novembre 2012, sous le thème "Libérer le potentiel énergétique de l'Algérie". Ces rendez-vous, bien qu'ils n'aient pas été dédiés au cinquantième anniversaire de SH, celle-ci a néanmoins focalisé l'essentiel des interventions. Ces forums ont eu le mérite de réunir des experts de haut niveau et d'anciens responsables de renommée qui dépasse nos frontières. Au-delà de leurs communications pertinentes -- mais diversement appréciées--, ils ont tous déploré la régression du secteur national de l'énergie. Pour Aït Laoussine, ancien ministre de l'Energie "l'ancienne génération était immunisée contre la corruption car imbibée de l'esprit révolutionnaire". Il considère que pour endiguer la corruption "il est nécessaire d'ériger un véritable Etat de droit". Quant à l'ancien président-directeur général de Sonatrach et spécialiste de l'amont, Nazim Zouiouèche, il estime que "la mobilisation dans le secteur était plus intense lors des premières décades de la restauration de la souveraineté nationale qu'actuellement". Dans un constat sans appel, Nordine Aït Laoussine assène : "Nous ne sommes pas encore sortis du sous-développement", insistant par ailleurs sur la nécessité de la démocratie réelle et d'un Etat appelé à jouer son rôle, au-delà de l'impératif de développer l'industrie de services. Pour sa part, le ministre de l'Energie, animé par d'autres préoccupations, avait affirmé devant les parlementaires qu'"à l'horizon 2030, notre consommation en produits énergétiques se chiffrera entre 80 et 85 milliards de dollars par an. Si nos ressources conventionnelles venaient à se tarir et si nous décidions de ne pas exploiter les hydrocarbures non conventionnels, comment pourrions-nous régler cette facture sans un niveau acceptable d'exportations d'hydrocarbures ?". À travers ces propos avancés lors de la présentation du projet d'amendement de la loi sur les hydrocarbures, les axes principaux de la stratégie énergétique à moyen et long terme apparaissent clairement. Il s'agit pour les pouvoirs publics d'attirer les investissements des compagnies pétrolières étrangères dans les domaines de la recherche et de l'exploration de nouveaux gisements en énergies non conventionnelles (notamment le gaz de schiste) et renouvelables, en vue d'anticiper les bouleversements qui agitent le secteur mondial de l'énergie, en opérant la transition énergétique dans les meilleurs conditions. C'est dans un tel contexte, que le cabinet "International CWC Group", a organisé en Algérie le 1er Forum international sur l'énergie, "Algeria Future Energy Conférence" du 4 au 6 novembre, 2012, sous le thème "Libérer le potentiel énergétique de l'Algérie". Cette conférence, qui avait réuni, outre le ministre de l'Energie, les DG de Sonatrach et de Sonelgaz, des représentants de compagnies pétrolières étrangères ainsi que de nombreux experts et chercheurs dans le domaine des hydrocarbures, a été une opportunité pour les autorités algériennes d'affirmer leur stratégie. "L'Algérie ne va pas être spectatrice des bouleversements qui sont en cours sur la scène énergétique internationale, elle a l'ambition de continuer à jouer ce rôle positif et constructif sur la scène énergétique et gazière dans le monde" a dit d'emblée Youssef Yousfi, dans sa déclaration inaugurale à cette rencontre. Dans le même temps, l'Agence internationale de l'énergie(AIE), nous dit que les Etats-Unis deviendront le 1er producteur mondial d'hydrocarbures de la planète vers 2020 notamment en gaz de schiste et un exportateur net de brut vers 2030. Ils sont déjà talonnés par la Chine, qui accélère son programme de développement des gaz de schiste. Les réserves exploitables s'élèveraient à près de 35 000 milliards de mètres cubes sur le territoire chinois. Soit une quantité un peu supérieure à celle présente aux Etats-Unis, environ 25 000 milliards de mètres cubes. De leur côté, Les experts, notamment algériens, prédisent un tarissement de nos réserves fossiles à l'horizon 2020-25. Dans cette reconfiguration stratégique du secteur énergétique mondial, où se situera l'Algérie à l'horizon 2030 ? Pour le P-DG de Sonatrach, les réserves conventionnelles des hydrocarbures de l'Algérie sont modestes mais ne se situent pas à un niveau pessimiste. Ce dernier, affirme par ailleurs, que "des réserves de 600 trillions de m3 de gaz de schiste sont révélées grâce à des études de partenariat faites sur une superficie de 180.000 km2 et avec juste un taux de récupération de 20%". Alnaft cite le chiffre de 27.000 milliards de mètre cubes de réserves de gaz de schiste récupérables en Algérie, soit les troisièmes au monde. Gisement de Hassi Messaoud, un atout pour l'Algérie Pour ce qui est des hydrocarbures conventionnels, M. Zerguine affirme que le gisement de Hassi Messaoud, le plus grand gisement pétrolier du pays découvert en 1956, n'a pas encore révélé tous ses secrets. Le taux d'exploitation de cet important gisement a atteint actuellement 14 à 15% seulement. Il est donc normal que cette question focalise les attentions du pouvoir et préoccupe la société et la classe politique. D'autant que dans un passé récent, l'opacité découlant de la "sacralisation" de cette ressource, a favorisé toutes les dérives politico-financières que tout le monde connaît. S'agissant des réserves mondiales en hydrocarbures, les experts et spécialistes des questions énergétiques fossiles, prédisent un tarissement de ces réserves à l'horizon 2030. A. H. Nom Adresse email