L'arrivée massive des migrants ou réfugiés subsahariens n'a pas laissé indifférent. Leur nombre oscillerait entre 2 000 et 2 500, à en croire Saïd Salhi, le vice-président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme. Avec la Syrie, l'Afrique subsaharienne est la région du monde la plus durement touchée par le phénomène : le déplacement massif de populations. Ces populations ont fui les zones de combat ou de catastrophes (la sécheresse) et se sont réfugiées, ces dernières années, hors de leur pays. Depuis quelques mois, ces migrants ou réfugiés — leur statut n'a pas été déterminé jusqu'à présent —, sont de plus en plus nombreux à choisir l'Algérie. On les trouve un peu partout à travers le pays. À Béjaïa, ils sont arrivés il y a plusieurs mois. Ils ont essaimé à travers l'arrière-pays : à Akbou, Tazmalt, voire même Seddouk. Au chef-lieu de wilaya, ils ont installé leurs camps de fortune au quartier Edimco et dans la zone industrielle de Béjaïa, à proximité des unités ENCG-La Belle et l'Epla. La première vague de ces migrants ou réfugiés a fait l'objet de reconduite mais ils reviendront encore plus nombreux. Ces réfugiés ou migrants seraient Maliens, Nigériens et Nigérians mais en l'absence d'enquête sur le terrain des autorités locales, on n'en est pas tout à fait certains. Une chose est sûre : au côté des Nigériens, qui semblent être la majorité, il y a d'autres nationalités. Selon les chiffres publiés le 14 mai dernier par l'IDMC, l'Observatoire des situations des déplacements internes, le Nigeria avait la population déplacée la plus élevée d'Afrique arrivant en 3e place à l'échelle mondiale derrière la Syrie et la Colombie. Ils ont rejoint les migrants économiques ou climatiques, c'est le cas des éleveurs nomades de la Corne de l'Afrique, affectés par des sécheresses plus fréquentes, a-t-on assuré. Certains sont convaincus, qu'ils se sont, à leur tour, installés dans les périphéries des grandes villes algériennes en quête d'opportunités d'où le choix de l'Afrique du Nord. Mais il faut dire que depuis ils deviennent un peu plus visibles. Les adolescents et les jeunes hommes se déplacent dans les villages les plus reculés ; les enfants sillonnent les quartiers ; les femmes ne s'aventurent que très rarement ; elles choisissent les places stratégiques dans les quartiers de la ville. Ils font la manche. La solidarité légendaire des Algériens a été mise à rude épreuve. Un ressentiment paraît même se développer à mesure que s'installe dans la durée cette immigration. Ce qui obligera un jour ou l'autre le gouvernement à instaurer une politique sécuritaire à leur égard de sorte à les contrôler par la création d'espaces réservés à leur installation ou alors de créer les conditions permettant leur retour. C'est pour cette raison que les membres de la Laddh, proche de Me Zehouane, ont regretté l'absence, voire la démission des autorités locales, qui tardent à manifester leur solidarité ou à prendre en charge ces populations. La mendicité ne peut être la solution. C'est un phénomène mondial, l'Algérie doit s'y atteler d'autant qu'elle a ratifié la Convention internationale des réfugiés.