L'Etat n'arrive pas à cerner ce problème. Les réfugiés livrés à eux-mêmes en Algérie refusent d'être rassemblés. Ils sont partout. Dans les axes routiers, à l'entrée de la ville, sous les ponts. Femmes, enfants et hommes. Ils viennent du Mali, du Niger, du Tchad et du Cameroun. Mais leur espoir de fuir leurs pays de naissance à la recherche d'un eldorado d'accueil, s'estompe rapidement face à la dure réalité de ce qu'ils éprouvent en terre d'accueil. Les migrants subsahariens inquiètent. Que faut-il faire? Les présidents des associations des droits de l'homme appellent à l'anticipation, pour aller au-delà des aides d'urgence et pour respecter la dignité humaine. Contacté par téléphone, Farouk Ksentini, président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme (Cncppdh) appelle à respecter les droits de l'homme et réserver la dignité de ces migrants livrés à eux-mêmes. «Il est temps de prendre les mesures et les dispositifs nécessaires, rassembler tous les réfugiés dans des lieux respectueux afin de préserver leur dignité», a indiqué Maître Ksentini, en relevant que cette situation est inacceptable. «Les conditions humanitaires difficiles dans lesquelles vivent les migrants livrés à eux-mêmes dans la rue exigent une prise en charge en urgence», ajoute- t-il, encore une fois en expliquant en outre qu'il faut leur assurer un mode de vie sain pour qu'ils puissent vivre en Algérie en toute dignité. L'avocat propose dans ce sens de les rassembler tous au même endroit. «Il faut les rassembler pour leur assurer l'accès aux soins, au contrôle et surtout pour que leurs enfants soient scolarisés». Par ailleurs, Maître Ksentini a souligné «Il est inacceptable de les laisser livrés à eux-mêmes et dans la rue. Il faut préserver leur dignité, pour qu'ils puissent pratiquer leurs religion, coutumes et mode de vie». De son côté, la ministre de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Condition de la femme, Mounia Meslem, a annoncé à In Guezzam (Tamanrasset) qu'une feuille de route sera bientôt élaborée pour une meilleure prise en charge des migrants africains en Algérie. «Le gouvernement se réunit régulièrement pour élaborer une feuille de route opérationnelle pour résoudre les problèmes des migrants africains en leur fournissant des locaux pour les regrouper et une prise en charge alimentaire et sanitaire avec la contribution de tous les secteurs», a souligné la ministre. Elle a affirmé en outre que les migrants africains n'ont pas encore le statut de réfugiés car ce n'est pas à l'Algérie de dire qu'ils sont ou non des réfugiés. Pour elle, ils sont des amis à l'Algerie. «Ce sont des migrants issus de pays africains voisins et amis». Rappelant que les conflits armés et ce qu'ils entraînent comme souffrances et déplacements des populations dans le monde, ont poussé beaucoup de familles, constituées en majorité de femmes et d'enfants en bas âge, à quitter leurs pays natals pour un exil forcé en Algérie. Par ailleurs, la ministre de la Solidarité a souligné la première semaine du mois d'octobre que les services concernés trouvent des difficultés à convaincre les migrants de la nécessité de les réunir dans un seul camp! Nous tentons de convaincre les déplacés africains de l'impératif de les réunir dans un seul camp, mais il s'avère que la tâche est extrêmement difficile en raison de leur style de vie nomade, faite de déplacements continuels», a soulevé la responsable. Dans le même sillage, la ministre a précisé que les centres d'accueil relevant de son secteur sont prêts à les accueillir afin de garantir leur sécurité et de préserver leur santé. Pour sa part, la ministre de l'Education nationale, Nouria Benghebrit, a affirmé de son côté que tous les enfants des migrants présents en Algérie, ont le droit d'être scolarisés. Sur un autre volet, la mendicité des étrangers livrés à eux-mêmes est devenue un phénomène très répandu. Les facteurs de la mendicité sont multiples et connus. «La mendicité constitue également un moyen de gain facile pour certaines étrangères», a souligné un observateur en précisant qu'il n'existe pas de chiffres sur les cas de mendicité en Algérie. Pour la même source, plus de 20.000 réfugiés subsahariens sont installés au sud du pays. Il ajoute dans le même contexte qu'il n'y a pas d'estimation exacte de statistiques concernant les réfugiés et les chiffres sont approximatifs. I. T.