Résumé : Lynda emmène Ihssane dans un restaurant très chic. Ce tête-à-tête leur permet de se rapprocher l'une de l'autre, de faire connaissance. Ihssane peut enfin découvrir ce qui s'est passé avant sa naissance. Elle surprend sa mère biologique en demandant après son père... Lynda pâlit d'un coup. Elle porte la main à son cœur. Elle semble avoir des difficultés à respirer. - Tu... tu ne devrais pas... Laisse ton père en dehors de ça ! Lui aussi doit avoir fait sa vie. Je ne te suffis pas ? On se voit pour la première fois et tu penses déjà à lui ! - Vous êtes mes parents. La femme, khalti Ourida, qui t'avait accueillie chez elle, les a perdus ou jetés. Elle ne m'a pas dit les avoir chez elle. Je pense que si elle les avait, elle me les aurait donnés ! - Elle est encore en vie ? - Oui. C'est une bonne femme ! Tu as eu la chance de la connaître ! Je pense que si elle avait encore en sa possession son adresse ou son numéro, elle me les aurait donnés !, poursuit Ihssane. Mais toi, tu dois les avoir conservés dans un coin de ton cœur ! Je voudrais aller jusqu'à lui, lui parler comme je te parle, le toucher comme je te touche... Lynda pâlit d'un coup, ne s'attendant pas à une telle requête de la part de sa fille. Mais quoi de plus naturel que de vouloir connaître ses parents biologiques ? Après l'avoir retrouvée elle, c'est normalement qu'elle pense à son père. - Je ne crois pas que ce soit une bonne idée... - J'ai besoin de savoir comment il va, poursuit Ihssane. Je n'attends rien de lui, ni de toi ! Mais je voudrais vous compter parmi mes amis ! Il n'est pas dans mes intentions de bouleverser vos vies ! - Tu as bon cœur... Un peu comme nous ! - Vas-tu me donner son nom et son adresse ?, insiste la jeune fille. - Je l'ai perdu de vue ! Quand j'ai envoyé des amis prendre de ses nouvelles, sa famille et lui ne vivaient plus à l'adresse que j'avais ! Personne ne savait où ils étaient allés ! - Non, ce n'est pas possible ! Et vos anciens camarades de fac, vous les avez revus ? Vous aviez des amis communs ? - Oui, nous en avions, reprend Lynda. Mais après ta naissance, j'avais raté mon année et j'avais changé de fac. Après ce que j'avais enduré, je ne voulais revoir personne ni rencontrer d'autres gens ! Je me suis renfermée sur moi-même et en voulais au monde entier ! Surtout à mes parents, en particulier mon père ! - Pourtant, il paraît gentil et prévenant ! - Protecteur et très sévère quand on le contrarie, ajoute Lynda. Tu ne peux imaginer à quel point il peut être dur ! - Il te frappait ? - J'ai reçu des corrections, oui ! Quand on touche à son honneur et à sa famille, on peut le payer de sa vie ! Quand on vit chez lui, on doit se plier aux règles de sa prison dorée ! On n'a manqué de rien ! Juste de liberté... - Maintenant tu n'as plus de compte à lui rendre, lui rappelle Ihssane. Tu es mariée, mère et indépendante financièrement ! Il n'a plus le contrôle sur ta vie ! Tout ce qu'il a fait, c'était avant ! Peut-être même qu'il regrette au fond de lui, mais peu importe, cela ne changera pas le cours de l'avenir ! Je veux retrouver mon père, le voir. As-tu une photo de lui ? Lynda hoche la tête. Elle prend son sac et sort un portefeuille d'où elle retire une photo pliée en deux avant de la lui remettre. Ihssane échange un regard avec elle, la remerciant d'un sourire avant de scruter la photo de plus près. Elle est en noir et blanc. Son père Karim est un beau brun, aux cheveux noirs bouclés. Son regard noir chaleureux et franc semble la percer. L'ombre d'un sourire éclaire son visage. Il a une fossette à la joue droite. Sa mère se tient près de lui, la tête penchée sur son épaule. Il y a comme des lueurs dans son regard. Des rêves ? Elle ne peut s'empêcher de l'embrasser et de la porter à son cœur. Lynda détourne le regard tout en soupirant. De nouvelles larmes embuent ses yeux. - Vous formiez un beau couple, remarque Ihssane. Dommage qu'on vous ait séparés... Quel âge avait-il ? - Il devait avoir vingt-cinq ou vingt-six ans à cette époque, dit Lynda. On s'aimait comme des fous ! - Je veux bien te croire. Comment as-tu fait pour conserver cette photo ? Est-ce l'unique que tu aies de vous deux ? - Oui. Celle-ci je la garde cachée, mais aujourd'hui, je sentais que tu voudrais le voir. Alors, je l'ai apportée... - Oui, mais je voudrais le voir en chair et en os, comme maintenant toi et moi, insiste la jeune fille. Où qu'il soit, j'arriverai à remonter à lui ! J'ai juste besoin de son nom et de son adresse ! Je me débrouillerai toute seule... (À suivre) A. K.