Fennou, Fenna, Tafna Ces prénoms, Fennou, Fenna sont employés chez les Touareg du Hoggar. Tafna, de la même racine, est proposé dans la nomenclature des prénoms amazighs, adoptée en Algérie en 2013. Rappelons aussi que ce dernier mot est le nom d'une rivière du nord-oust de l'Algérie. Ce prénom est attesté au Moyen Âge sous la forme Fannou. Nous pensons qu'il faut le rapporter au verbe "fenen" qui signifie "bourgeonner, fleurir" dans le parler berbère des Ntifa, au Maroc. Fannou est la fille d'un chef almoravide qui s'est illustrée dans le siège de Marrakech par les Almohades. On se rappelle que Abd-al-Mu'in, qui a pris le commandement après la mort d'Ibn Toumert, s'est lancé à l'assaut des territoires almoravides. Au cours de cette entreprise, ce chef originaire de Nédroma, dans le nord-ouest de l'Algérie, s'est emparé de localités importantes : Igli, le village natal d'Ibn Toumert, Azrou, Oran, Tlemcen, Fès, Meknès, Ceuta, Salé et enfin Marrakech, capitale des Almoravides. A la tête d'une forte armée, il s'est mis en route en juin 1146. Avant de mettre le siège sur la ville, il édifie une ville au sommet du mont Guelliz, avec une mosquée au minaret très élevé qu'il utilise pour surveiller les mouvements des Almoravides. Le siège est long et dure près de dix mois. C'est un siège très meurtrier : des milliers de personnes sont tuées durant les combats et vingt mille moururent de faim. Selon les chroniqueurs, les assiégés se sont nourris de charognes et on a vu des captifs se massacrer et s'entre-dévorer. Les habitants, hommes, femmes et enfants, se sont battus avec un courage admirable. La plus courageuse est la fille d'un chef almoravide, Fannou. Dès le commencement du siège, elle a troqué ses robes contre des vêtements d'homme et s'est battue sur tous les fronts. Quand les assiégeants sont entrés dans la ville, elle s'est enfermée avec les derniers résistants dans le château de l'émir et se battit jusqu'au bout. Elle est morte, l'épée à la main. Ce n'est pas le cas du fils du calife, qui était encore enfant. Il s'est jeté aux pieds de Abd-al-Mu'min, le suppliant de lui laisser la vie sauve. Abd-al-Mu'min voulait l'épargner, mais un de ses lieutenants a refusé, ne voulant laisser aucun Almoravide vivant. C'est lui qui a décapité le jeune prince. M. A. [email protected]