“On est devant un dilemme�

Enseignants, chefs d’établissement, élèves : Ils en parlent

Les retards accumulés dans les cours, engendrés par près de trois mois de grève, ne semblent pas avoir été rattrapés. Les parents responsabilisent la tutelle et réclament une deuxième session pour le bac. Du côté des candidats, les avis sont plutôt partagés.
L’année scolaire a été particulièrement perturbée. Le séisme du 21 mai dernier a engendré un retard pour la rentrée scolaire du fait du décalage de l’examen du bac 2002-2003 à septembre, dans les régions touchées par cette catastrophe naturelle.
Ce retard a été aggravé par la grève nationale qui a duré près de trois mois, déclenchée par les deux principaux syndicats, le CLA et le Cnapest. Les élèves les plus touchés et les plus stressés sont ceux des classes de terminale, candidats au bac.
Leurs parents demandent une deuxième session de cet examen décisif dans le cursus scolaire de leurs enfants. “Nos enfants ne sont pas responsables de ce qui s’est passé. Tout ce retard dans les programmes et toutes les perturbations psychologiques causées doivent ouvrir légitimement les portes pour une deuxième chance pour les élèves de la terminale�, soutient un père.
Du côté des professeurs et responsables d’établissement, la chose est différemment appréciée. Ce qui les préoccupe le plus, c’est la date de la première session.
Le 26 juin a été proposé à la tutelle par les deux syndicats sus-cités mais rien n’a été décidé officiellement par le ministère de l’Éducation. “Personne ne connaît cette date qui est très importante pour une bonne préparation de cet examen. Nous devons prendre nos dispositions à l’avance. Il faut savoir que, du point de vue pédagogique, les cours doivent arrêter au moins dix jours avant. Comme vous le savez, le retard n’a pas été rattrapé et nous pourrons, au moins, essayer d’accélérer le rythme ou, à défaut, distribuer des polycopiés pour les cours les moins importants�, explique un professeur du lycée Amara-Rachid, à Ben Aknoun.
Si pour certains professeurs, les cours ont été suffisamment rattrapés, il reste que “pour d’autres, surtout ceux qui enseignent les matières scientifiques, ils n’ont pas vraiment avancé�. On est devant un dilemme. “D’un côté, il faut faire vite pour rattraper le retard et d’un autre, on relève la faible assimilation des élèves qui ont été affectés psychologiquement par toutes ces perturbations�, explique un professeur de maths.
Le même avis est partagé par un enseignant de sciences naturelles qui souligne que le programme de terminale de cette matière est très chargé et n’a jamais pu être dispensé entièrement même en année normale.
Abordant l’éventualité d’une deuxième session pour le bac de cette année, un proviseur d’un lycée d’Alger, tout en comprenant les élèves et leurs parents, rappelle que cette 2e session a déjà montré ses limites en enregistrant un très faible taux de réussite.
Il explique que ces examens retardent la rentrée scolaire suivante en expliquant que “ces trois dernières années ont été marquées par des perturbations. Je crois qu’il est temps de retrouver un cours normal et de commencer l’année scolaire en septembre comme avant. Une deuxième session, si elle a lieu, doit être conditionnée par une note d’éligibilité qui doit être supérieure, à mon avis, à 8,5/20 ou 9/20. Par expérience, je sais qu’un élève qui a une moyenne inférieure à cette note, en première session, ne pourra pas avoir plus dans la deuxième, même si on lui offre la chance de passer une troisième ou quatrième session�.
Pour leur part, certains parmi les candidats au bac, contrairement à leurs parents, ne sont pas emballés à l’idée de passer l’examen une seconde fois. “Si on décroche le bac la première fois, c’est bon. Sinon on le refera l’année prochaine. C’est un examen très stressant et on a été trop perturbé cette année.
On ne veut pas passer nos vacances sous pression. On préfère s’amuser l’ été pour bien décompresser et donner un bon coup l’année prochaine�. Il serait toutefois paradoxal que cet avis soit partagé par la majorité de leurs camarades.
M. B.