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Le gouvernement… reconduit
Publié dans Liberté le 27 - 04 - 2004

C’est avec une remarquable cohérence que Bouteflika a constitué le premier gouvernement de son second mandat. Les Algériens ont voté pour la continuité et la continuité ils l’ont dans ce premier acte politique majeur du président réélu. Ce qui présage d’un mandat conservateur qui prolongera la démarche du premier quinquennat. Puisqu’on en a redemandé, nous voilà servis. C’est vrai qu’on attendait le départ de Zerhouni, comme geste de concorde envers la Kabylie ou ne serait-ce que pour raison de santé, de Benbouzid parce qu’en bientôt deux décennies, il a donné tout ce qu’il pouvait donner, c’est-à -dire rien, à l’éducation nationale, mais ce n’est plus le moment de chicaner : la continuité, c’est cela aussi.
Même si, à propos de constance, on ne comprendra pas pourquoi il a été mis tant de temps à nommer des ministres déjà en place et quelques nouveaux qui, dit-on, ont été promus sans être consultés et informés de leur désignation.
Il n’y en a pas beaucoup, puisque Bouteflika ne semble pas, pour le moment, avoir tenu compte des empressements de circonstance et des soutiens d’accessoires qui se sont tapageusement manifestés au cours de la campagne électorale de la présidentielle. Hormis le tandem MSP-RND qui constitue naturellement l’axe partisan qui portera sa politique après avoir porté sa candidature, les “redresseurs� FLN sont les seuls à avoir été généreusement récompensés pour leur dévouement. Ce qui augure d’une stratégie de recouvrement de l’appareil de l’ancien parti unique. Apparemment, les allégeances de dernière minute des “fidèles� de Benflis n’ont pas été prises en considération dans la composition de ce gouvernement. L’avenir organique du FLN dépendra de l’aptitude des “benflissistes�, pour l’heure majoritaires à l’Assemblée nationale, à constituer une force politique, et de l’usage que fera le président de ses prérogatives constitutionnelles en matière de vie parlementaire.
Le fait que Bouteflika ait ignoré les allégeances hétéroclites qui se sont révélées avant son élection et les ralliements du lendemain du scrutin font que le nouvel Exécutif n’a rien d’original.
Pour commencer son second quinquennat, Bouteflika a, pour ainsi dire, conservé le gouvernement de fin de mandat, en y appliquant un léger remaniement de nature plus technique que politique.
Pour discutable qu’il soit, un résultat électoral n’est pas contestable dans ses implications de gestion. Une fois le résultat assumé par les forces politiques concurrentes et par l’opinion publique, le discrédit, fondé ou non, du vote ne peut servir à contester les choix de l’élu. Si en plus, l’électorat n’a pas été exigeant en termes de programme, le vainqueur a tout le loisir de son libre arbitre.
Il n’est pas pédagogique que nous soyons déresponsabilisés sur les aboutissements de notre vote quand il est respecté, ou de notre indifférence quand il est détourné.
Cette déconnexion que nous opérons mentalement entre l’acte de vote et ses effets est illustrée par ces émeutes qu’on enregistre déjà çà et là . Comment un président qui a eu la majorité des voix dans toutes les communes du pays peut souffrir de contestations dès les premiers jours de son mandat ?
Parfois, entre les frondeurs et le pouvoir, le plus inconséquent des deux n’est pas forcément celui qu’on croit.
Revoici donc le gouvernement que nous avons tant aimé.
M. H.


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