Les systèmes de gouvernance économique en Algérie sont dépassés, tel est le constat sans appel du conseil. “Nos structures économiques souffrent d'un problème de gestion avec la prédominance des systèmes rentiers, dont un certain nombre se nourrit de réseaux clientélistes. Les problèmes de l'économie algérienne remontent en surface avec les atermoiements observés en matière de réformes économiques et de privatisation, avec l'emprise de plus en plus grande de l'économie informelle et de ses réseaux, avec une opacité des processus décisionnels à un certain nombre de niveaux, avec des systèmes de gestion et de gouvernance dépassés”. Le Conseil national économique et social, du moins sa commission de l'évaluation, a tout dit ou presque dans ce paragraphe sur les problématiques de l'économie algérienne. Dans son rapport “Conjoncture économique et sociale du 1er semestre 2004”, qui sera examiné lors de sa 25e session prévue les 7 et 8 décembre prochains au Palais des nations à Club- des-Pins, le Conseil national économique et social (Cnes) souligne “les bons résultats de l'économie nationale”. “Notre économie se porte sans doute mieux, mais ne se porte pas encore bien en dépit des efforts déployés par les pouvoirs publics”, souligne le rapport de conjoncture. Le document fait référence aux nombreux problèmes de restructuration de l'économie algérienne qui “persistent et qui ne semblent pas être tenus au rang de priorité par leur caractère stratégique. Il s'agit en fait des réformes structurelles et de la privatisation, de la modernisation et de la mise à niveau des infrastructures économiques, du saut qualitatif dans les systèmes de gestion, de management et d'organisation qui doivent porter les processus de transition et, enfin, du cadre et des instruments de programmation économique. “À tous les niveaux de la faiblesse du capital humain, des systèmes de gestion et de gouvernance suscitent des inquiétudes grandissantes”, note le Cnes. C'est que les réformes sont restées, à ce jour, incertaines face aux hésitations et retournements de situation tant le manque de compromis entre acteurs économiques et sociaux persiste. Du coup, le pacte de croissance, suggéré d'ailleurs par le Cnes, apparaît aujourd'hui comme une urgence. Le Conseil économique et social estime que “l'économie et la société algériennes se situent à un stade crucial de leur évolution” eu égard à certaines questions “économiques et sociales lourdes face à une situation financière exceptionnelle”. En parallèle, les politiques économiques continuent d'être tournées beaucoup plus vers le court terme, ce qui réduit la visibilité à moyen terme et occulte les perspectives stratégiques. Le Cnes note, encore une fois, que le niveau de croissance “important” enregistré au cours du semestre traduit “le droit fondamentalement acquis au financement public à travers le Psre et le Pnda”. La contribution du secteur productif à la formation du produit intérieur brut connaît une érosion “inquiétante”, souligne le document. Le Cnes reconnaît l'impact du Psre. Seulement la multiplication de petites opérations, qui “ont certes leur importance”, ne permet pas de générer une relance soutenue et encore moins une accumulation auto-entretenue par le biais de l'implication à grande échelle des entreprises nationales. “Les difficultés structurelles des entreprises étaient telles que le principal bénéficiaire de l'augmentation des dépenses publiques est incontestablement le secteur des importations”. “Les limites du Psre sont établies sur les plans du choix, de la programmation et de la mise en œuvre opérationnelle”, constate le Cnes. Le conseil dit avoir salué “avec beaucoup de convictions et d'espoir le retour de l'Algérie sur la scène internationale”, mais pour lui les signaux positifs qui sont donnés ne suffisent pas dès lors qu'ils ne sont pas accompagnés de mesures au titre de la mise à niveau des entreprises et de projets porteurs et de la mise aux normes internationales dans tous les domaines. M. R.