L'avant-projet de loi sur les hydrocarbures ne figure pas dans le programme du gouvernement et donc ne fait pas partie de ses chantiers, a affirmé en substance le ministre de l'Energie. Le ministre de l'Energie, invité du forum El Moudjahid a indiqué, hier, que les recettes des hydrocarbures ont atteint à fin mai 2004, 14 milliards de dollars US, du fait à l'évidence de la hausse des prix du pétrole durant les cinq premiers mois de l'année. C'est un record jamais atteint depuis l'indépendance. Mieux, le résultat, obtenu en cinq mois, approche la meilleure entrée hydrocarbures au cours des années 90. Vraisemblablement, le niveau de 16 milliards de dollars sera atteint le premier semestre 2004. Le ministre a ajouté que les recettes des hydrocarbures pourraient atteindre à ce rythme 28 milliards de dollars en 2004. Un niveau sans précédent. Prix du pétrole : scénario haussier le second semestre Optimiste, le ministre a estimé que le scénario haussier va se poursuivre courant le second semestre 2004. Pour plusieurs raisons. D'abord, la montée de la demande sur le pétrole au courant de l'été. Allusion à la driven season aux Etats-Unis. S'y ajoutent la dégradation de la situation politique au Moyen-Orient, en particulier en Arabie Saoudite et en Irak, la croissance de la demande chinoise et la spéculation. Selon lui, la structure des prix du baril le premier semestre, soit 30-35 dollars, le baril va se maintenir au courant des six derniers mois de l'année. En tout état de cause, les cours du pétrole vont se situer dans la fourchette Opep (au moins), c'est-à-dire entre 22 et 28 dollars, ou légèrement au-dessus, eu égard à ces facteurs. En un mot, les caisses de l'Etat sont pleines. Le chef de l'Etat a de quoi résorber le déficit budgétaire et lancer le Plan de relance bis. Les réserves en devises, qui atteignent plus de 30 milliards de dollars, actuellement, pourraient monter jusqu'à 40 milliards de dollars à fin 2004. En guise de bon usage de l'argent du pétrole, Bouteflika a décidé de rembourser la dette par anticipation. Les premières opérations ont déjà commencé, notamment le remboursement de 650 millions de dollars à la Banque africaine de développement. Ce choix a pour avantage d'alléger le service de la dette, c'est-à-dire les créances exigibles annuellement, principal et intérêts et partant le budget de l'Etat étant donné que la dette publique intérieure a une composante de dette extérieure. Les gouvernants auront ainsi de plus larges manœuvres pour financer les dépenses essentielles c'est-à-dire l'école, la santé et l'amélioration des conditions de vie de la population (logement, accès à l'eau potable, l'assainissement…). Par ailleurs, le ministre de l'Energie a souligné que le programme du gouvernement ne fait pas mention de l'avant-projet de loi sur les hydrocarbures. Traduire : l'Exécutif n'a pas retenu ce texte qui s'assimile à une poursuite de la réforme du secteur pour attirer davantage les investissements étrangers. Donc, la mise en œuvre de ses dispositions controversées, notamment le nouveau partage de la rente pétrolière ne fait pas partie, selon lui, des chantiers du gouvernement au cours du quinquennat 2004-2009. En revanche, la réforme sera poursuivie différemment, a-t-il laissé entendre. Les marges sur les carburants seront revues, a-t-il indiqué. Cela ne veut pas dire que les prix des carburants à la pompe vont augmenter. En clair, les marges des distributeurs seront revues à la hausse si le gouvernement donne son feu vert. Car, a-t-il argué, aucun investisseur ne mettra avec les prix actuels des carburants de l'argent dans une nouvelle station-service. Il s'agit de réviser les taxes sur les carburants de manière à mieux rémunérer Naftal ou les stations-services sur chaque litre d'essence ou de GPL carburant vendu à la pompe. Dans l'amont, le secteur maintiendra les procédures qui ont donné de bons résultats : la sélection des compagnies par appel d'offres transparent, rapide ainsi que du personnel d'encadrement par appel à candidature. En effet, l'Algérie a reçu pour près de 2,4 milliards de dollars d'investissements directs étrangers dans le secteur durant l'année 2002-2003, a-t-il rappelé. Mais la question pendante, c'est la traduction de cette manne exceptionnelle en emplois, logements, au profit de la population. Bref, en une juste redistribution de la rente... N. R.