Hier, après une matinée caniculaire digne d'un mois d'août, plusieurs villes de la région Est du pays ont renoué avec le mauvais temps. Une tempête de vent a soufflé sur les villes côtières de Skikda, Jijel et Annaba. Dans cette dernière, le vol 6010 d'Air Algérie a failli ne pas arriver à destination. Le commandant de bord de l'ATR assurant la liaison Alger-Annaba n'a pu faire atterrir son avion qu'après la troisième tentative. Des passagers ont pris attache avec notre rédaction pour faire part de leur frayeur et aussi de la défaillance de la prise en charge post-incident. Dans les villes de l'intérieur, comme Constantine, une pluie fine s'est abattue sur la région durant tout l'après-midi, ramenant avec elle la hantise des inondations et des effondrements qui guettent les habitations situées dans les zones réputées à risque. Selon des spécialistes, si les intempéries se poursuivent d'ici à la fin du mois, c'est toute la récolte céréalière (blé tendre, blé dur et orge) et à un degré moindre l'arboriculture, qui seront perdues. Ainsi, les intempéries se sont poursuivies, ce week-end, faisant des dégâts cette fois-ci à Tébessa et à Souk-Ahras dans l'extrême Est du pays. À Tébessa, les fortes précipitations du week-end ont emporté une dizaine de maisons et détruit une centaine d'hectares d'orge dans les localités de Boulhefdyr, Cheria, Morsott, El-Hammamet et El-Ma Labiad. Au moins cinq familles ont été déclarées sinistrées après l'effondrement de leur habitation. À Souk-Ahras, les averses de jeudi et vendredi ont été accompagnées d'importantes chutes de grêle. Dans les régions d'El-Hamir, Ouled Driss, Aïn Zana et Lakhdaria, les dernières estimations font état de milliers d'hectares d'arboricultures et de céréaliculture perdus. Une dizaine d'ovins auraient péri durant les précipitations notamment à Ouled Driss où une centaine d'hectares de blé et de fourrage a été détruite par des chutes de grêlons. Ce bilan s'ajoute aux chiffres désastreux et macabres de la semaine passée. À Ghardaïa, c'est un véritable séisme économique qui a secoué la vallée du M'zab. Le bureau local de la Ligue algérienne des droits de l'Homme demande aux autorités de déclarer la région zone sinistrée. Les habitants de Bensemara et Mermad interpellent, dans un cri de détresse, les autorités centrales pour une intervention d'urgence à la hauteur des dégâts. Ils dénoncent la lenteur des autorités locales lors de la tentative de prise en charge des sinistrés de la catastrophe. Pour rappel, à Ghardaïa, la tempête a fait cinq victimes et une centaine de blessés. La culture oasienne de quatre communes de la vallée a été sérieusement endommagée par les eaux pluviales. À N'tissa et El-Adria, un responsable local a fait état de la perte d'une centaine d'ovins et de caprins. À Guelma, une dizaine de maisons se sont effondrées comme des châteaux de cartes et des dizaines de familles se sont retrouvées sans le gîte en l'espace d'une nuit. Ce changement climatique a également détruit une dizaine de champs de blé. De plus, les chutes de pluie ont causé l'avarie de plus de 17 000 hectares de récoltes à Oum El-Bouaghi et des milliers d'hectares de céréaliculture à Batna. À Constantine, le taux d'humidité jugé trop élevé pour la saison, a nettement fait reculer l'opération de la récolte jusqu'à la fin du mois en cours, a déclaré un des responsables de la direction de l'agriculture. En sus, la rouille qui sévit ces derniers temps sur les régions de l'Est algérien et qui a ravagé des milliers d'hectares de récolte a fait baisser le taux de production de 20%. Un taux largement inférieur par rapport à l'année dernière. Hier, au moment où nous mettions sous presse, des milliers de professionnels de l'agriculture prient Dieu pour qu'aujourd'hui soit un jour ensoleillé. L. N.