L'emprisonnement de Mohamed Benchicou devra inévitablement servir nos luttes pour la démocratie, pour la justice sociale et pour l'émancipation des Algériennes et des Algériens. C'est le coup de râteau sur la gueule des autorités algériennes. Elles pensaient pouvoir doper l'opinion publique internationale en faisant passer le directeur du Matin pour détenu de droit commun, et voilà que l'emprisonnement de Mohamed Benchicou se révèle comme le début du procès contre le pouvoir algérien : atteinte à la liberté d'expression, instrumentalisation de la justice, musellement de la presse et règlement de comptes politiques. Et ce n'est pas fini. Depuis le verdict, les actions de protestation contre l'incarcération de notre confrère se multiplient. Il n' y a pas un seul écrit, pas une seule déclaration politique, motion de solidarité, pétition de soutien où les méthodes répressives de Bouteflika et de son équipe ne sont pas dénoncées, condamnées et fustigées. Systématiquement. Le procès de Benchicou va donc se transformer en procès de Zerhouni, d'Ouyahia et de Bouteflika. Tôt ou tard. Parce qu'on ne peut disposer impunément des hommes de la justice sans devoir en subir les conséquences. On ne peut servir un discours sur la bonne gouvernance, sur le respect des libertés démocratiques dans les tribunes internationales et pratiquer le contraire auprès de ses concitoyens. C'est exactement ce que n'a de cesse de vouloir vendre Bouteflika aux partenaires étrangers : l'image d'un président soucieux du respect des droits de l'Homme, l'image d'un chef d'Etat respectueux de la liberté d'expression. Souvenons-nous de ce parallèle avec Thomas Jefferson. Ah ! qu'il a vécu ce Jefferson algérien ! Aujourd'hui, le monde découvre l'amère réalité algérienne : un pouvoir qui ne sait s'accommoder que d'une liberté d'expression surveillée, dirigée, manipulée, en définitive limitée. Eh bien, à quelque chose, malheur est bon ! L'emprisonnement de Mohamed Benchicou devra inévitablement servir nos luttes pour la démocratie, pour la justice sociale et pour l'émancipation des Algériennes et des Algériens. F. A.