Nul besoin du verdict de quelque médecin légiste pour l'affirmer : le GSPC a bel et bien été touché à la tête. Et pas seulement. Al-Jamaâ Assalafia Lidaâwa walqital est entrée dans une zone de turbulences dont elle n'est pas près de sortir, et ses pertes ne se comptent plus. La série d'infortunes a commencé déjà avec l'étrange disparition de son chef “historique” Hassan Hattab alias Abou Hamza. On le donnait pour mort. Il aurait, en réalité, simplement “démissionné” comme on démissionne bêtement de la présidence du conseil d'administration d'une entreprise, à en croire les dernières supputations à son sujet. Né d'une dissidence du GIA en 1996, annoncé officiellement deux ans plus tard, précisément le 14 septembre 1998 (d'après l'article de Mohamed Issami paru dans le Matin du 16 septembre 2002), le Groupe salafiste pour la prédication et le combat figurera dans la liste noire dressée par le Département d'Etat américain, et recensant les organisations terroristes internationales. Dans un document de 15 pages rendu public en janvier 2004, Nabil Sahraoui, nouveau chef national du GSPC depuis octobre 2003, annonçait solennellement l'affiliation de l'organisation qu'il dirige à “l' “émir” planétaire” Oussama Ben Laden. La série d'infortunes du GSPC disions-nous, a commencé par l'écartement du très médiatique Hassan Hattab pour des raisons qui demeurent entièrement obscures. S'ensuivit la fameuse offensive militaire menée dans le désert algérien par les forces de l'ANP, et qui a abouti à la neutralisation d'une grosse opération de convoyage d'un important lot d'armes et de munitions au profit de cette phalange. Puis, ce furent les coups de boutoir des forces combinées contre les troupes de Hattab, Sahraoui dans la Kabylie maritime, autour de la forêt de Mizrana, ainsi que dans les massifs de l'Akfadou, d'Adekkar et de Béni-K'sila. Après, nous avons eu le feuilleton des redditions, avec leur lot de vérités et d'intox. Tout récemment encore, il y a eu cet “émir” de Skikda, Sista Abdelhakim, qui s'est livré aux autorités, lui qui avait sous-traité pour le compte du GSPC dans le massif de Collo. À quoi ajouter la reddition massive de djihadistes de katibat Al-Ahoual, laquelle katibat avait rallié, elle aussi, à un moment donné, la cause d'Abou Hamza. Pendant ce temps, l'un des chefs emblématiques du GSPC, Abderrezak le Para, de son vrai nom Amari Saïfi, sera capturé en compagnie de sept de ses hommes de main par le Mouvement pour la démocratie et la justice au Tchad (MDJT), basé au Tibesti. Dernier coup dur en date : l'élimination présumée de Nabil Sahraoui et un de ses principaux lieutenants, à savoir Abi Abdelaziz dit Okacha, dans les bois de l'Akfadou, près d'El-Kseur. L'inventaire — même sommaire — de ces déconvenues impose cette question qui coule de source : que reste-t-il en définitive du GSPC, donné pour interlocuteur incontournable pour un remake des tractations Pouvoir-AIS ? Sans vouloir tirer des plans sur la comète, encore moins se laisser aller à un triomphalisme euphorique, des indices probants nous autorisent à croire à un démantèlement progressif de ce satellite d'Al-Qaïda en Algérie. Comme le GIA après l'élimination de Antar Zouabri, le GSPC semble promis à un laminage en règle par guerre d'usure dans les maquis et par éclatement de son directoire. B. M.