Les créances détenues sur les particuliers, les entreprises et l'administration atteignent 1 900 milliards de centimes. Et les pertes d'énergie à 400 milliards de centimes. C'est énorme. Le PDG de Sonelgaz, M. Bouterfa, dans une conférence de presse tenue hier, rassure les citoyens. Les pénuries d'électricité sont derrière nous. Finis les délestages qui étaient monnaie courante en 2003. Le paroxysme de cette crise d'énergie a été le black-out de l'année dernière qui a plongé tout le nord du pays dans le noir. Depuis, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts. Sonelgaz a commencé par réhabiliter, opérer de grosses opérations de maintenance sur certaines installations, notamment celles de Ziama Mansouriah et Cap Djinet. Ce qui a permis d'avoir une capacité supplémentaire de production. Résultat : l'hiver 2003-2004 est passé sans gros problèmes. Cependant, le patron de Sonelgaz a indiqué que trois incidents majeurs se sont produits en 2003. à la centrale du Hamma, des défauts dans des câbles d'évacuation ont engendré un délestage entre 20 et 60 minutes. Toute une partie d'Alger était plongée dans le noir. Mais le réseau dans les trois cas ne s'est pas effondré comme il le fut lors de la panne de la centrale du hamma. En réponse aux questions de la presse, il a indiqué que les résultats de l'expertise internationale confirment celle de Sonelgaz relative aux origines du black- out, précisément la défaillance des installations du Hamma. Première conclusion du rapport : l'insuffisance des moyens de production, une insuffisance de réserve de 700 à 800 MW et la mise hors service de certaines installations pour entretien. Seconde conclusion : la défaillance du plan de sauvegarde du réseau de transport de l'électricité. Les réglages n'ont pas correctement fonctionné, a précisé M. Bouterfa. Ce qui a été fait depuis, c'est la révision de groupes et leur mise sous tension sur le réseau. Fin 2003- début 2004, il n'y a plus de contraintes particulières en matière d'approvisionnement de la clientèle en électricité. Sur un autre plan, Sonelgaz a rapidement engagé des investissements en moyens de production. La centrale de F'kirina à Oum El Bouaghi (300 MW) sera prête en octobre 2004. Celles d'Arzew( 300 MW) et de Skikda (800 MW) suivront en 2005. à cela s'ajoute l'apport du réseau sud qui est connecté désormais, au réseau nord avec un appoint éventuel de 500 MW. Plus tard , interviendra la mise en service de la centrale de 1200 MW de Hadjenet et Ennous. Tout cela explique pourquoi l'hiver 2004-2005 et les autres périodes pendant plusieurs années, Sonelgaz jouera sur du velours. Finies donc, en principe, les coupures d'électricité. Cependant, Sonelgaz devra à moyen terme réhabiliter un tiers de ses moyens de production jugés vétustes. Par ailleurs, le PDG de Sonelgaz a indiqué que les créances détenues sur les particuliers, les entreprises et l'administration atteignent 1 900 milliards de centimes. Elles représentent 25% du chiffre d'affaires. C'est énorme. L'état vient juste de verser à Sonelgaz pour 400 milliards de centimes pour éponger la dette de l'ADE. Le patron de la première compagnie d'électricité du Maghreb a reconnu que les pertes d'énergie sont énormes (consommations clandestines). Elles se situent à 400 milliards de centimes. Si la santé financière de Sonelgaz est bonne malgré une dette de 100 milliards de dinars jugée supportable — elle a dégagé 15 milliards de dinars de bénéfices nets —, ses capacités d'autofinancement de 25% apparaissent comme insuffisantes, eu égard au programme colossal d'investissements. Sonelgaz a besoin d'investir annuellement 1 milliard de dollars d'ici à 2010. Une partie est procurée sur factures de la clientèle. Sonelgaz a besoin de 60 milliards de dinars annuellement qu'elle doit mobiliser sur crédits bancaires. D'où un appel du pied à la garantie de l'état, surtout pour le financement des réseaux de transport. Sans quoi, il est vain de s'attendre à une amélioration de la qualité de service à moyen-long terme. Sonelgaz ne pourra en un mot financer une partie de ses gros investissements. N. R.