Le Danemark et la Suède s'affrontent dans un choc entre voisins nordiques qui fait trembler l'Italie, éliminée en cas de nul (à partir de 2-2) entre les Scandinaves, opposés mardi au stade do Bessa (Porto) lors de la 3e et dernière journée du premier tour de l'Euro-2004, groupe C. La Squadra Azzurra, même en battant dans le même temps la Bulgarie, déjà éliminée, pourrait ainsi quitter la compétition si les pays venus du froid se neutralisaient sur un gros score. Il n'en fallait pas plus pour que la presse italienne crie au risque de collusion entre Danois et Suédois, frères ennemis séparés par la mer Baltique. “Est-ce qu'on va passer un marché avec les Suédois pour éliminer l'Italie ? Bien sûr que oui !”, a d'abord plaisanté le sélectionneur danois, Morten Olsen, avant de revenir à plus de sérieux devant la pression médiatique : “Non, je plaisante, bien sûr, nous ne ferons pas de "deal" avec eux, nous voulons gagner.” Son homologue suédois Lars Laegerback s'est mis au diapason, sur un ton plus solennel, devant un parterre de journalistes italiens assiégeant depuis 3 jours les points presse de la Suède. “Il n'y aura pas 2-2, bien sûr dans le football rien n'est impossible, tous les résultats peuvent arriver, mais je veux dire qu'il est hors de question pour nous de penser à un arrangement”, a assuré le technicien. “J'ai beaucoup de respect pour Machiavel (originaire de Florence, en Italie, comme l'avait souligné avec malice un journaliste italien), mais ce n'est pas dans notre mentalité de décider du score avant le match, a poursuivi Lars Laegerback. En plus, si vous devez vous arranger avec 22 joueurs, il faut aussi s'arranger avec les arbitres, impossible.” “Pas besoin de placer 50 caméras sur le terrain pour nous surveiller, nous sommes des professionnels”, a conclu sur le sujet Henrik Larsson, l'attaquant de 32 ans sorti de sa retraite internationale pour venir aider la Suède. Sur le papier, le Danemark a l'avantage : c'est sa 7e participation à un championnat d'Europe des nations, avec une victoire en 1992. Les Suédois n'en sont qu'à leur 4e Euro, et leur meilleur résultat est une demi-finale perdue (face à l'Allemagne), l'année du titre des Danois. Benny Lennartsson, superviseur des adversaires de l'équipe de Suède, a été impressionné par le jeu — quoique stéréotypé — des Danois, dépendants de leurs ailiers. “Les Danois Jesper Groenkjaer et Martin Joergensen sont des dangers sur les ailes”, a prévenu Benny Lennartsson, qui craint aussi le “patron” du Danemark, Thomas Gravesen, coriace milieu de terrain récupérateur. “Le jeu danois s'est amélioré depuis le début de l'Euro, leur façon de jouer n'est pas typique des pays nordiques, ils m'ont surpris. Contre l'Italie, les Danois ont eu la possession du ballon pendant 70% du match !” a poursuivi le superviseur suédois. Mais la Suède possède deux attaquants capables de renverser la situation avec des gestes venus d'ailleurs : Henrik Larsson, l'ancienne légende du Celtic Glascow, et Zlatan Ibrahimovic, auteur d'un but inouï contre l'Italie (1-1) vendredi. La péninsule italienne retient en tout cas son souffle en attendant le verdict aujourd'hui soir.