Pour le GSPC qui s'est exprimé dans un communiqué sur son site Internet, le coup de la centrale électrique d'Alger est le prélude à d'autres actions de sabotage. “Opération foudroyante… Un camion bourré d'explosifs au nez des taghouts”. Ce préambule plein de morgue est l'intitulé du communiqué rendu public hier par le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC). À travers ce texte aux consonnances rébarbatives, l'organisation terroriste, affiliée à Al-Qaïda, revendique l'explosion qui a ciblé, lundi dernier, dans la soirée, la centrale électrique du Hamma à Alger. Le GSPC a choisi son site Internet pour coller sa signature à l'incident très suspect de la station. La rédaction du communiqué a eu lieu au lendemain de l'explosion, soit le 22 juin, alors que sa diffusion n'est intervenue qu'hier seulement. Bien avant sa publication, moult indices ont appuyé la thèse d'un attentat terroriste. Le groupe salafiste le confirme. Il se prévaut d'avoir planifié “une opération inédite, exécutée par la phalange El-Borkane”. Les premières lignes du communiqué évoquent “une frappe qualitative dans la capitale, avec comme premier objectif, la station électrique du Hamma, le plus grand site stratégique de production de l'énergie électrique dans le pays”. Détail important, les auteurs de l'attentat auraient utilisé un camion bourré d'explosifs qu'ils ont stationné à proximité du mur d'enceinte avant de quitter les lieux. Se targuant de l'aisance avec laquelle ses éléments ont procédé, le GSPC constate avec jubilation l'ampleur des dégâts matériels occasionnés par l'explosion. Il savoure, en outre, le climat de psychose induit par une opération aussi fracassante. “Les pertes en vies humaines auraient pu être importantes si la charge explosive avait été doublée”, fait observer l'organisation en guise d'avertissement. L'attentat de la centrale constitue, dit-elle, un avant-goût de ce qu'elle peut faire. “Cette opération s'inscrit dans une série d'attaques”, prévient cet appendice d'Al-Qaïda. Le but, selon ses animateurs, étant de maintenir le climat d'insécurité. “Même si cette opération n'a pas réalisé ses objectifs à 100%, elle a le mérite de mettre fin aux affabulations relatives à la maîtrise de la situation sécuritaire, la tranquillisation des investisseurs étrangers et les résidus du terrorisme”, se gargarise le groupe. L'attentat du Hamma a donc valeur d'empreinte, et les explications du ministre de l'Intérieur, Yazid Zerhouni, sur ce qui s'est passé, de vulgaires mensonges. Les rédacteurs du communiqué évoquent le cratère énorme observé sur les lieux de la déflagration pour créditer leur action. En se rendant sur place aussitôt après le sinistre, le ministre de l'Intérieur, dans une déclaration à la presse, a laissé entendre qu'il s'agit d'un incident technique. Le directeur général de la Sonelgaz a abondé dans le même sens. Or, outre le fameux cratère, la présence de fragments de carcasse d'automobile ainsi que l'effondrement du mur vers l'intérieur sont des indices éloquents. Au premier coup d'œil, des éléments des forces de sécurité ont immédiatement identifié la nature de l'incident. De leur côté, les autorités ont préféré ouvrir une enquête sans doute afin de ne pas devoir répondre aux questions embarrassantes des journalistes. Au plan national et international, la reconnaissance de l'attentat viendra nuire à l'image pacifiée que l'Algérie tente de reconstruire. La décapitation du GSPC, il y a une dizaine de jours, avec l'élimination de son “émir” national, Nabil Sahraoui, lors d'une opération de ratissage dans les massifs de Kabylie, confortait cette ambition. Seulement voilà, l'attentat de la centrale du Hamma, la section de pylônes électriques à Boudouaou, avant-hier, montrent que l'ANP n'est pas encore au bout de ses peines. Désormais, sous l'aile d'Oussama Ben Laden, l'organisation terroriste algérienne se redéploie. Les frappes sensationnelles comme l'enlèvement de touristes européens en 2003 dans le désert algérien, témoignent d'une nouvelle stratégie. À la fin de son communiqué, le GSPC promet “d'autres actions et des cibles choisies avec précision”. S. L.