Pour éviter cette situation, des changements seront introduits dans le système. Le secteur informel à l'origine de l'évasion sociale, l'absence d'une croissance économique et un niveau d'emploi très bas sont autant de paramètres qui menacent l'équilibre du système national de retraite. Le nombre de départs en retraite avant l'âge de 60 ans qui va crescendo, ne fait qu'envenimer une situation déjà préoccupante. Depuis 1995 jusqu'à fin 2003, l'effectif des pensionnés a, en effet, presque doublé. Il est actuellement de 1 535 249 pensionnés. Le système s'est également caractérisé par une augmentation rapide des dépenses qui ont plus que triplé en l'espace de 8 ans, passant de 38,8 milliards de DA en 1995 à 151,46 milliards de DA en 2003. La croissance des recettes demeure, en revanche, modérée et se situent entre 40,5 milliards de DA et 151,49 milliards de DA durant la même période. Les déficits successifs ont contraint la Caisse nationale de retraite (CNR) à puiser dans ses réserves pour faire face à ses obligations. De 11,84 milliards de DA dont la caisse disposait en 1986, réserve nécessaire pour la couverture de 32 mois de pension, il ne reste aucun centime aujourd'hui. Afin de payer les pensions, elle a eu recours à l'utilisation de l'excédent dégagé par le régime de retraite anticipée et à la prise en charge par le budget de l'Etat des dépenses de solidarité nationale. Il s'agit en fait des dépenses du complément différentiel servi entre le montant résultant des années validées au titre de la retraite et celui (le montant) des pensions des moudjahidine retraités tel que le stipule la loi n° 99-03 du 22 mars 1999. De 1991 à 1998, la CNR a dépensé, dans ce sens, 72,3 milliards de DA que l'Etat a pris en charge entièrement. À cela, il faut donc ajouter le transfert vers le régime de retraite normale des excédents de la retraite anticipée estimés à 4 milliards de DA/an. Parmi les mesures prises, on note l'augmentation de la quote-part ouvrière de 2 %, celle du patronat à 1% et la nouvelle réaffectation du taux global avec 2 points en faveur de la retraite. Ainsi, la quote-part retraite a atteint 16% dont 6,5% du salarié et 9,5% de l'employeur. En dépit de toutes les interventions des pouvoirs publics à ce propos, il n'en demeure pas moins que des lacunes et des insuffisances persistent encore dans le système actuel. Celles-ci seraient peut-être corrigées par le groupe de travail installé à l'issue de la dernière tripartite qui est actuellement à pied d'œuvre pour dégager des mesures à prendre pour assurer de nouveau l'équilibre du système. Des prépositions seront présentées lors de la prochaine tripartite prévue en octobre, du moins durant l'automne prochain. Les différentes décisions qui seront avalisées et prises par la tutelle seront, a souligné le ministre du Travail au cours d'une rencontre hier, à Alger, de nature à assurer la pérennité du système et son équilibre financier sans toutefois léser les retraités dans leurs droits. M. Louh avoue qu'aucune décision n'a été prise quant à la retraite anticipée à travers la hausse de l'âge de départ à la retraite de 60 à 65 ans. Cette question, a-t-il précisé, n'est pas à l'ordre du jour. Les dettes de la CNR, a-t-il indiqué aussi, seront prises en charge par la commission issue de la tripartie qui fera des propositions dans ce sens. En cas de problème, précisera-t-il, l'Etat pourrait intervenir. B. K.