Un secrétaire national a été interpellé et emmené au commissariat central parce qu'il a refusé de remettre aux policiers une rame de tracts qui était en sa possession. La visite de Sadi, jeudi à Annaba, aura été fort remarquée par la population de cette ville, dont on sait depuis sa faible participation aux élections législatives du 30 mai qu'elle est indifférente au scrutin des locales. Remarquée parce que c'est la première fois que les citoyens de la mégapole de l'Est se trouvent en contact direct avec un président de parti sans cortège officiel et surtout parce qu'il est venu les avertir du danger que représentent, du point de vue de sa formation, les élections du 10 octobre prochain. Les secrétaires nationaux et les militants du RCD, qui accompagnaient leur président à travers les artères du centre-ville et qui distribuaient la lettre d'invitation au boycott, ont été sommés par les services de sécurité d'arrêter leur action alors qu'ils se trouvaient à hauteur du cours de la Révolution. Un secrétaire national, M. Hosna, du bureau RCD de Constantine, a même été interpellé et emmené au commissariat central parce qu'il a refusé de remettre aux policiers une rame de tracts qui était en sa possession. Cette interpellation portée à la connaissance du président du RCD, au moment où il se trouvait à l'hôtel Seybouse pour saluer la veuve du Pr Bensmaïl, à la mémoire duquel étaient organisées les 7es journées sur la psychiatrie par les professeurs du service Boudef, a tenu à exprimer son désaveu quant à ces méthodes musclées en rejoignant son compagnon au commissariat pour y exiger sa libération immédiate. Ce qui fut fait. Un précédent que le Dr Sadi a qualifié de preuve supplémentaire des “méthodes staliniennes” appliquées par le “couple Bouteflika-Zerhouni pour museler tous ceux qui ne sont pas les clients du pouvoir”. À ce propos, le président du RCD dira que toute la population algérienne doit se rendre à l'évidence que ce qui arrive aujourd'hui en Kabylie où des troupes impressionnantes, qu'il estime à 20 000 représentants des forces de l'ordre, ont été déployées, peut se produire dans n'importe quelle autre région du pays où les citoyens se battent pour préserver les acquis de la démocratie et les idéaux de liberté et de dignité. M. Sadi, qui a fait à titre personnel le tour de plus de 200 cafés et de plusieurs dizaines de places publiques dans six villes importantes, affirme que personne, à aucun moment, n'est venu à sa rencontre, surtout parmi les partis participant au vote prochain qui ont traité le RCD de “hizb frança” pour justement débattre de la question du boycott. Les clients du pouvoir qui se relaient à la tête des institutions nationales bénéficient des largesses du pouvoir, au détriment des algériens qui luttent contre la rapine, la corruption et les passe-droits, et sont solidaires avec ceux qui caressent le rêve de ramener l'Algérie à l'ère du parti unique et de la Sécurité militaire, a ajouté le président du RCD. Constantine “Ces élections sont une opération politique de restauration du parti unique” • Il est 15 heures quand Saïd Sadi débarque dans le vieux et populaire quartier de Bab El Kantra. Tenue classique panachée, sans ses lunettes, ni cravate, le président du RCD se fond dans la foule. Des badauds installés dans un café, sous le pont, en face du nouveau siège de la Sonelgaz, invitèrent “etbib” (le docteur) à leur table. D'autres clients du café et des passants se joignent à une discussion où le leader du RCD est surpris en train d'entendre des jeunes et moins jeunes de ce quartier des bas-fonds de la ville défendre l'essentiel de ses mots d'ordre. “C'est une opération politique de restauration du parti unique”, répéte Sadi. Ce qui laisse un membre de la réduite délégation du RCD dire “l'opinion du boycotte est dans la rue, entre les mains du peuple !”. Une demi-heure après, soit vers 15 h30, Sadi est à Sidi Mabrouk sur les hauteurs de la ville et plus précisément au niveau du marché du Daksi, réputé être celui des zaoualia (pauvres) ; poignées de main avec les passants et thé partagé avec des jeunes dans un café mitoyen du marché. Oran Louisa Hanoune défie Bouteflika • La porte-parole du Parti des travailleurs a longuement évoqué la loi sur les hydrocarbures, lors du meeting tenu à la salle de cinéma Mardjadjou, jeudi après-midi, a Oran. S'en prenant aux déclarations de Bouteflika face à la délégation du Medef, Louisa Hanoune dira : “On n'acceptera jamais la loi sur les hydrocarbures, même avec un décret présidentiel.” Tout au long de son meeting, Louisa Hanoune a fustigé la politique de privatisation de Bouteflika. Dans ce chapitre, elle déclare qu'“au moment où l'on s'attendait à un programme national pour la prise en charge des problèmes des citoyens, on dit aux Français et aux Américains, venez prendre tout, tout est privatisable.” “Un investissement qui n'engagera pas de nouveaux capitaux, car il s'agit d'investissement dans le cadre de la reconversion de la dette extérieure, avec des charges sociales en moins et un fonds de garantie pour rembourser d'éventuelles faillites”, précisera-t-elle encore. Insistant sur les risques de la politique de privatisation de Bouteflika, Louisa Hanoune a fait appel aux travailleurs et aux forces vives de la nation, afin de faire barrage à cette politique, “en recourant aux grèves, comme cela s'est passé au Pérou et au Paraguay”, affirme-t-elle. Constantine Interpellation de deux militants du MDS • Deux militants du MDS de Hachemi Cherif ont été interpellés jeudi dernier au centre-ville de Constantine alors qu'ils collaient des affiches appelant au boycott du scrutin. Ils seront relâchés quelques heures plus tard pour reprendre leur tâche. Un travail commencé en début d'après-midi en présence du premier responsable de cette formation.