En 2003, seulement 5 953 sur 13 000 entreprises sont couvertes alors que le nombre de conventions s'élève à 6 051 pour la même année. Autant d'insuffisances. Et de souffrances. Le travailleur est mal soigné. La médecine du travail va mal. Les responsables, à différents niveaux, viennent de tirer, une fois de plus, la sonnette d'alarme. En 2003, seulement 868 356 employés sur un total de 3,5 millions de travailleurs ont été pris en charge. Ce qui représente à peine 25%. Depuis, grâce aux efforts consentis par le département de Redjimi, des mesures ont été prises et l'urgence a été soigneusement gérée pour apporter ces chiffres, en 2004, à près de 1,5 million d'employés qui ont bénéficié de soins, de vrais soins notamment, dans les centres hospitalo-universitaires et les secteurs sanitaires. Cela reste, évidemment, insuffisant. Les intervenants au séminaire national sur la médecine du travail, qui s'est déroulé, hier, à l'école nationale de la santé publique de Bordj El-Bahri, ont fait ressortir un autre constat aussi accablant : plus de 2 millions de travailleurs ne sont pas pris en charge par leur organisme employeur. Par secteur d'activité où les maladies professionnelles se prolifèrent le plus, on retiendra ceux du bâtiment avec un effectif de 55 464, l'agriculture avec 31 403 employés, l'industrie avec 177 645 travailleurs et autres secteurs moins sensibles (tertiaire) avec 397 852 travailleurs. Avec 1 268 maladies professionnelles recensées en 2003, on retiendra 52 538 cas relatifs aux risques chimiques, 76 388 cas concernés par les risques physiques et 47 532 autres cas relatifs à divers risques. La même année, les médecins spécialistes ont effectué plus de 470 000 visites aux travailleurs, notamment dans les secteurs chimiques, pétrochimiques et industriels. Le nombre de décès étant occulté dans les rapports annuels sur l'évaluation de la médecine du travail, on apprend que 10% des décès sont dus à la négligence (facteur humain), l'absence de structures sanitaires de proximité et de dispensaires dans les bases de vie. Hier, le ministre de la santé et de la réforme hospitalière, M. Redjimi, a indiqué que “la prise en charge du travailleur passe systématiquement par la prise en charge effective de la médecine du travail. Les insuffisances signalées çà et là sont prises en considération et étudiées de plus près, de telle façon à réduire les maladies professionnelles”. Sur un autre plan, les travailleurs ne bénéficient pas assez du volet préventif en milieu du travail. En 2002, seulement 10% des travailleurs ont été vaccinés contre la polio contre 80% en 2003. Le cas les plus grave concerne la couverture contre les rayonnements ionisants avec 2 365 en 2002 contre 4 340 en 2004. La couverture sociale étant insuffisante, les caisses d'assurances ont fait appel aux pouvoirs publics pour injecter des fonds de soutien au traitement des maladies urgentes en milieu du travail. L'exemple le plus édifiant est celui de l'absence des laboratoires de détection d'infection. à ce propos, les intervenants ont estimé que des dizaines de maladies sont sous-déclarées, notamment celles dues aux toxiques organiques et autres minéraux industriels. Au-delà des insuffisances financières, en Algérie, seulement 1 médecin couvre 2 000 ouvriers, alors que la norme est de 2 000 médecins pour 4 millions d'employés. Le manque constaté dans la collecte d'informations et de données médicales, la mauvaise orientation, le manque avéré de coordination entre les structures sanitaires et les organismes employeurs et l'insuffisance budgétaire sont les facteurs directs qui retardent le développement de la médecine du travail dans notre pays. “On fera tout pour que la médecine du travail jouisse d'un statut digne de ce nom, à l'exemple des années précédentes. On déploiera le maximum de moyens humains et matériels pour faire de cette médecine un axe majeur dans le monde du travail et de la médecine”, conclut un cadre du ministère de la santé. F. B. Entreprises publiques et Privés Redjimi : “Tout le monde est concerné” “Tout le monde est concerné par la médecine du travail. Là où le travailleur risque sa vie, il devra y avoir une structure qui l'accueille, l'examine et le soigne. Le secteur public comme le secteur privé est concerné par cette prise en charge dans le cadre des conventions engagées entre les parties concernées”. C'est ce qu'a déclaré M. Redjimi, ministre de la Santé, hier, en marge du séminaire national sur la médecine du travail. Pour le ministre, la loi est claire. Le travailleur doit être protégé par son employeur. Or, seulement 1 200 000 travailleurs sont couverts, dans le cadre de ces conventions, par les secteurs publics et parapublics et dans toutes les structures sanitaires. On retiendra que ces structures emploient 400 spécialistes et 900 généralistes dans 70 centres de médecine du travail et 367 centres médico-sociaux. Aussi, préconisent les intervenants, les visites d'embauche doivent être renforcées. Actuellement, elles sont de l'ordre de 48 865 visites seulement. F. B.