Sharon est décidé à finaliser le tracé de la barrière de séparation en Cisjordanie, malgré l'arrêt de la CIJ (Cour internationale de justice) le brocardant à propos de cet ouvrage. Le Premier ministre israélien, qui consent à la correction imposée par la Cour suprême israélienne au tracé dans sa partie traversant le nord d'El Qods pour ne pas absorber les 35 000 Palestiniens qui résident dans cette région, a plutôt exhorté à la finition de tous les segments inachevés de la barrière. Israël affirme édifier une clôture antiterroriste pour empêcher des infiltrations de kamikazes, des attaques contre des colonies juives en Cisjordanie, ainsi que l'entrée de Palestiniens à El-Qods annexée en grande partie. Les Palestiniens la qualifient de mur de l'apartheid visant à annexer une partie de leur territoire, car elle s'enfonce par endroits profondément en Cisjordanie, empêchant la création d'une Etat viable. Israël veut enclaver les Palestiniens par ce biais dans une série de bantoustans. La ligne de séparation, dont 196 km sont achevés, aligne mur, fosses, barbelés, clôtures électriques et routes pour patrouilles, interdites aux Palestiniens, une fois achevée, s'étirera sur 730 km. C'est le projet le plus coûteux jamais réalisé par Israël, avec une facture estimée à 3,4 milliards de dollars. Sharon espère terminer avant fin 2005 les travaux lancés en juin 2002. Dans des secteurs urbains, comme à Tulkarem et Kalkiliya dans le nord de la Cisjordanie où à Abou Dis dans les faubourgs d'El-Qods-Est, la ligne est un véritable mur composé de blocs de béton hauts de huit mètres. Plusieurs portes ont été laissées dans la ligne pour permettre, en principe, aux Palestiniens munis de permis nécessaires d'aller travailler en Israël. En fin de compte l'ouvrage devrait englober 80% des quelque 220 000 colons habitant la Cisjordanie, sans compter El-Qods-Est, occupée et annexée. Une dizaine de petites colonies situées au cœur de la Cisjordanie se retrouveront à l'extérieur du mur, mais Israël compte assurer leur sécurité. Selon un rapport du bureau de l'ONU pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA), seulement 11% du tracé de la ligne de séparation érigée par Sharon colle à la ligne verte séparant la Cisjordanie du territoire israélien. Par conséquent, plus de 274 000 Palestiniens habitant dans 122 villages et villes vont vivre dans des zones fermées, entre le mur et la ligne verte ou dans des enclaves totalement entourées par le mur, selon le document. Environ 850 km2 du territoire de la Cisjordanie, à l'exception d'El-Qods-Est, soit 14,5%, se retrouveront dans la partie contrôlée par Israël. Sharon a, par contre, demandé aux Etats-Unis de mettre leur veto sur toute résolution du Conseil de sécurité contre son mur. La conseillère de Bush à la sécurité nationale, Condoleezza Rice, qui a reçu le message, l'exhorte à démanteler les colonies sauvages en Cisjordanie conformément à ses engagements de juin 2003, lors du sommet d'Aqaba (Jordanie), à geler la colonisation et à démanteler les colonies sauvages créées depuis 2001. Selon le mouvement anti-colonisation israélien la Paix maintenant, il existe 103 colonies sauvages en Cisjordanie et au regard du droit international, toutes les colonies dans les territoires occupés sont illégales. Washington avait déjà opposé son veto en octobre sur un projet de résolution qualifiant le mur d'illégal et demandant l'arrêt de sa construction. Sharon craint que l'avis de la CIJ entraîne le dépôt d'une nouvelle résolution au Conseil de sécurité exigeant le démantèlement de son mur. D. B.