Il veut appliquer son plan de retrait de Gaza et dans le même temps, son armée détruit des maisons palestiniennes. La Cour suprême israélienne a demandé hier au gouvernement Sharon des explications qui doivent être fournies dans un délai de 30 jours sur le tracé du mur construit en Cisjordanie. Cette mise en demeure de la plus haute autorité judiciaire israélienne intervient après les très fortes critiques enregistrées à travers le monde, à l'encontre du projet de l'Etat d'Israël. La Cour suprême, qui en est à sa deuxième interpellation après celle du 30 juin dernier, date à laquelle elle avait ordonné de modifier une partie du tracé sur 30 km, veut connaître également la lecture juridique que fait le cabinet de Sharon, par rapport à la condamnation de cette barrière par la Cour internationale de justice (CIJ). En effet, la CIJ a, dans un avis consultatif émis le 9 juillet, déclaré illégale l'édification du mur et appelé Israël à détruire les parties de la barrière se trouvant en territoire palestinien. Lequel avis, avait été soutenu par l'assemblée générale des Nations unies qui a adopté le 20 juillet dernier une résolution exigeant qu'Israël respecte l'avis de la CIJ. Cependant, le gouvernement israélien a affirmé qu'il ne tiendrait pas compte de la condamnation de la CIJ. Le procureur général Menahem Mazuz a pour sa part mis en garde le gouvernement dans un rapport adressé notamment au Premier ministre Ariel Sharon contre les risques de sanctions encourus au cas où Israêl ne tiendrait pas compte de l'avis de la CIJ. «L'avis de la CIJ est susceptible d'avoir des conséquences graves et dures pour Israël» prévient M.Mazuz. «Cet avis crée un environnement juridique international différent pour Israël lequel pourrait servir de prétexte à des mesures pouvant aller jusqu'à des sanctions contre Israël dans différents forums», a ajouté M.Mazuz. Un deuxième rapport rédigé par des collaborateurs de M.Mazuz recommande au gouvernement de «déployer de gros efforts pour modifier le tracé de la clôture» en tenant compte des principes édictés par la Cour suprême afin de «réduire la tension sur le front juridique international». Des appels auxquels Ariel Sharon demeure sourd. Sur le terrain, les provocations contre les Palestiniens ont toujours cours. Ainsi, l'armée israélienne a rasé dix maisons palestiniennes et endommagé trois autres lors d'une incursion dans la nuit à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, révèlent les services de sécurité palestiniens. Une force israélienne appuyée par des blindés et deux bulldozers a participé à l'incursion qui s'est achevée hier matin, selon la même source. Outre les dix maisons, l'armée a rasé des champs jouxtant le camp de réfugiés de Khan Younès. Par ailleurs, parallèlement aux attaques de son armée contre des civils palestiniens, le Premier ministre israélien dit tenir à son plan de retrait de la bande de Gaza. Cela, malgré sa mise en minorité dans son propre parti, le Likoud. «Je suis fermement décidé à appliquer le plan de séparation et à évacuer à la fin de l'année prochaine la bande de Gaza et les implantations du nord de la Samarie» (nord de la Cisjordanie), a affirmé M.Sharon. Les «durs» de la droite israélienne tentent de faire capoter l'évacuation de la bande de Gaza et l'évacuation des 8000 colons israéliens vivant dans cette région. Cela dit, les initiatives de Sharon ne semblent pas emballer l'autorité palestinienne qui, elle, s'en tient à la décision de justice rendue par la CIJ qu'Israël refuse d'appliquer.