Habib Chawki organise un séminaire sur l'audiovisuel dans les prochains jours. C'est l'année des forums, et aucun secteur ne doit être en reste. Pour les convives, l'ami Hervé Bourges saura nous assurer la présence de nos voisins du Nord. Ce sera l'occasion d'apprécier la disponibilité retrouvée de l'ex-président du CSA français dont on aura remarqué le regain d'activisme en Algérie depuis l'avènement du régime Bouteflika. Le directeur de l'Entv n'a pas mâché ses mots, comme on aurait dit au JT de la chaîne (j'allais écrire publique)… unique : “Nous le disons sans complexe, il faut nous préparer à aller vers la performance.” Mais n'est-ce pas une performance que de faire croire que l'événement du jour, c'est le courrier diplomatique du Président quand un village vient de se faire massacrer par des égarés qui passaient par là, cherchant le chemin de la concorde ? En la matière, monsieur HHC, vous pouvez défier n'importe quelle télévision du monde : le 10 novembre 2001, ce n'était pas une catastrophe humaine due à un faisceau de négligences d'Etat, mais une journée nationale de solidarité avec les habitants de Bab El-Oued. Et le Président s'y est rendu dès le… troisième jour. Le 14 juin, ce n'était pas la répression sanglante d'une marche populaire mais l'envahissement d'Alger par les nouveaux Huns. Des exploits comme ceux-là, vous en réalisez tous les jours. Vous avez raison d'ajouter que “nous sommes conscients du travail qui reste à faire”. Si la concorde civile a demandé autant de génie dans la réalisation, qu'est-ce que ce sera avec la concorde nationale ? Avec un sens de l'humour certain, le responsable de l'Entv déclare penser qu'il est “temps d'évaluer notre vision du service public”. Allons donc ! Pour avoir une vision du service public, il faut au moins l'envisager, ce service public. Si c'est une caméra par ministre qui bouge, le public dans ce système est certainement pris au sens spectaculaire du terme : l'Entv est chargée de trouver un public aux gesticulations des puissants pour faire couvrir leur inefficacité par leurs agitations filmées. Cela c'est le service au pouvoir, l'exact contraire du service public. Le brainstorming de la voix et de l'image du régime sera marqué par une journée “écran sans violence” où, nous dit-on, même l'actualité sera censurée. On ne parle sûrement pas de la violence terroriste que l'Entv n'évoque qu'en de rares fois, quand un communiqué officiel l'y autorise. Les seules violences à l'ENTV, ce sont les violences de sa censure justement : celles qui consistent à recomposer quotidiennement une vérité que les Algériens connaissent d'ailleurs. “Faites l'amour pas la guerre”, dit le slogan. Au moins un jour, rien qu'un jour durant. Le problème, c'est que la télé de HHC censure déjà l'amour, si elle se met à censurer la guerre…, il n'y a plus de service public ! M. H.