Avec plus de 1 200 kilomètres de frontières avec l'Afrique subsaharienne, l'Algérie doit multiplier ses efforts pour limiter les contaminations. Si le prix de revient de la prise en charge a été baissé de plus de 60 %, grâce au recours systématique aux génériques, il n'en demeure pas moins que le sida continue sa progression. Le Sud demeure la porte d'entrée des immigrés clandestins en provenance de l'Afrique. Tamanrasset constitue la zone la plus touchée par la maladie. Lors d'un point de presse animé par le Pr Bellateche, directrice de la prévention au ministère de la Santé, la conférencière a mis l'accent sur la prévention qui demeure le seul moyen de se prémunir du mal du siècle. Pour le moment, quelque 39 millions de personnes dans le monde sont infectées par le VIH et l'Afrique subsaharienne compte, à elle seule, 29,4 millions de contaminés. Elle rappelle que si le nombre de sidéens en Algérie est exact, à savoir 630 cas recensés depuis 1985, elle se montre sceptique quant aux chiffres des séropositifs car le taux de dépistage n'est pas très élevé. Le Pr Dif, chef de service à l'hôpital El-Kettar, où sont soignés 250 sidéens, estime que les malades algériens bénéficient des traitements les plus innovants. “L'Algérie donne gratuitement la tri- thérapie à tous les patients qui sont bien suivis”, affirme-t-il. Il n'oublie pas de préciser : “Lorsque nous avons débuté en 1998 à traiter les malades, chaque traitement revenait à un million de dinars par an. Aujourd'hui, les mêmes traitements coûtent 40 000 DA par an et par malade. Nous importons des génériques.” D'autres centres de référence existent à l'Est, à l'Ouest et à Tamanrasset. Lorsqu'il s'agit d'anciens malades ou de traitements spécifiques, les hopitaux de références prennent en charge les frais de transport. Par ailleurs, l'hôpital d'El-Kettar a réussi la prouesse de permettre à trois femmes d'accoucher sans que leur bébé ne soit infecté. “Nous avons suivi ces femmes durant leur grossesse”, explique le Pr Dif. Le Pr Bellateche ne cache pas son inquiétude quant à la “bombe” que représente la ville de Tamanrasset qui compte quelque 140 000 habitants et où la drogue et la prostitution se pratiquent à ciel ouvert. Cette ville devrait attirer l'attention des pouvoirs publics qui sont appelés à rendre disponibles les préservatifs partout et à un prix abordable. Des malades africains préfèrent venir en Algérie où ils sont sûrs d'être soignés. Mais les deux professeurs rappellent que depuis quelque temps, les contaminations se font en Algérie ; finie donc l'ère où la maladie était importée. La moitié des sidéens recensés est décédée avant la généralisation de la trithérapie en 1998. Pour le moment, les spécialistes des maladies virales préconisent la multiplication des opérations de sensibilisation envers les jeunes et surtout au début des grandes vacances. Le “Global fond”, une institution financée par les huit pays les plus riches et par des donateurs prestigieux tel que Bill Gates, a promis six millions de dollars pour l'Algérie durant les deux prochaines années. Ces fonds seront destinés pour la prévention et Tamanrasset sera la ville pilote quant aux opérations de sensibilisation et de dépistage an onyme. Il est clair, en effet, qu'aucune loi n'autorise d'obliger quelqu'un à se faire dépister. Les deux conférenciers estiment que l'Algérie a fait de grands efforts, mais il reste beaucoup à faire. S. I.