Le ministre marocain de l'Intérieur, Mostefa Sahel, est depuis hier matin à Alger pour une visite de travail de 2 jours. Il a été reçu à l'aéroport Houari-Boumediène par Yazid Zerhouni, ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales. Arrivé au salon d'honneur de l'aéroport, Mostefa Sahel s'est contenté, devant les représentants de la presse nationale, d'une déclaration lapidaire empreinte d'une certaine circonspection. Il a présenté son présent séjour en Algérie comme l'aboutissement d'un travail fructueux mené auparavant aussi bien par les ministres que par les commissions spécialisées. “De notre avis, cette visite est une consécration d'une dynamique positive qui est le couronnement des dernières rencontres, que ce soit entre les ministres ou dans le cadre des commissions spécialisées”. Rencontres qui, de son avis, ont permis de “poser les problèmes et de les étudier en vue de trouver des solutions pratiques dans le cadre d'une nouvelle approche”. Il a aussi exprimé sa foi en l'édification d'un grand ensemble régional au Maghreb. Pour lui, il existe une réelle possibilité “de travailler la main dans la main pour donner un nouvel élan à l'édification d'un Maghreb unifié”, car c'est là “un choix stratégique qui ne sera que bénéfique aux peuples des deux pays et un moyen pour faire face aux défis communs dans un monde marqué par la mondialisation et les ensembles régionaux”. Hormis cette précision qu'il est en Algérie sur invitation de son homologue algérien, M. Sahel n'a risqué la moindre insinuation sur les dossiers qui seront au menu des discussions qu'il aura avec le président de la République et M. Yazid Zerhouni. Il est vrai que le porte-parole du gouvernement marocain, M. Nabil Abdellah, en a tracé, lundi à Rabat, les contours. “Le ministre de l'Intérieur examinera à Alger l'ensemble des questions bilatérales, parmi lesquelles le dossier du Sahara (Occidental ndlr)”, a-t-il indiqué. Indiscutablement, c'est le dossier du Sahara Occidental qui accaparera la part du lion des discussions que M. Sahel échangera avec ses vis-à-vis algériens. Surtout qu'à l'occasion de leur visite à Alger, le ministre français des Affaires étrangères, M. Michel Barnier, et le Chef du gouvernement espagnol, José-Luis Rodriguez Zapatero ont diplomatiquement pressé Alger à engager un dialogue “fondamental”, sur ce dossier, bien sûr avec Rabat. Aussi, les Marocains se sont dit que les vents leur sont plus que jamais favorables et qu'il y a lieu de mettre à profit cette nouvelle donne pour faire triompher leur position sur la question. Mais c'est compter sans le campement de la partie algérienne sur sa position principielle, à savoir son attachement “à la légalité africaine et internationale” concernant le problème du Sahara Occidental qui est “une question de décolonisation à parachever sur la base du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes à travers la mise en œuvre scrupuleuse et diligente du plan Baker et de paix pour l'autodétermination du peuple du Sahara Occidental”. Comme pour contenir toute audace de M. Sahli sur ce dossier, le département de Abdelaziz Belkhadem a levé, dans un communiqué rendu public hier, tout équivoque sur un quelconque changement de la position algérienne. Aussi, M. Sahli risque fort de retourner au Maroc les mains vides. Sur ce dossier du moins. L'autre point qui sera au cœur de ces discussions bilatérales est la lutte anti-terroriste. Surtout que M. Sahel a inscrit au programme de sa visite un crochet au laboratoire ADN de la police. Tout comme il compte assister à la sortie d'une promotion de la police. Ceci dit, M. Sahel a été reçu, hier, par le président de la République, Abdelaziz Boutefilka et le sera, aujourd'hui, par Yazid Zerhouni. Pour rappel, le ministre marocain des Affaires étrangères, M. Mohamed Benaïssa, a été l'hôte d'Alger en juin 2003. Prochainement, ce sera au tour du Premier ministre marocain, Driss Jettou, de faire le déplacement à Alger. A. C.