Le mouvement islamiste hizb tahrir, qui selon un site internet islamiste a revendiqué hier les trois attentats suicide, qui ont frappé vendredi Tachkent, compterait en Ouzbékistan, où il est interdit et combattu, plusieurs milliers de membres, malgré la traque dont il fait l'objet. Hizb tahrir est lui-même fragmenté en plusieurs unités comme celles du martyre ou encore le groupe al-tawhid islamique, exigeant la libération d'une trentaine de personnes accusées par les autorités ouzbèkes de terrorisme. En mars dernier, une série d'attentats et d'attaques avait fait 47 morts en Ouzbékistan. Un des accusés a évoqué des unités dormantes formées de dizaines de combattants, prêtes à agir à travers le pays et dans toute l'Asie centrale. Présent également au Tadjikistan et au Kirghizstan, hizb tahrir recrute essentiellement parmi les chômeurs, mais depuis quelques années aussi dans la classe moyenne et parmi des jeunes ayant reçu une formation. Malgré la traque des autorités, ses effectifs semblent se renforcer d'année en année. Issu d'une tendance extrémiste au sein de la mouvance des Frères musulmans, organisation fondée en Egypte vers la fin des années 1920, le hizb tahrir a été fondé en 1953 par un universitaire sunnite palestinien, Takieddine al-Nabahani, enseignant à El-Qods. Celui-ci a d'abord réuni autour de lui des confrères jordaniens, syriens et libanais qui, à leur tour, ont essaimé plus loin encore, jusque dans les contrées asiatiques. Après la mort du fondateur palestinien en 1979, c'est un théologien jordanien, Abdelkadim Zalloum, qui a pris la direction du mouvement. En Egypte, plusieurs hauts responsables du Hizb Tahrir ont été arrêtés en 1974, avant d'être graciés par Anoua Sadate. Hizb tahrir prône des positions panislamistes radicales, rejetant tout compromis, et se donne pour objectif l'instauration du califat, un organisme supranational islamique centralisé. C'est ce que revendiquent tous les islamistes, à l'image d'Al-Qaïda. L'avènement du califat, selon les exégètes et émirs de cette toile, doit être préparé en créant des cellules tout au plus de cinq personnes, capables de diffuser la propagande islamiste. Comme dans une secte, chaque membre d'une cellule doit ensuite en créer une nouvelle… Vient ensuite la conquête du pouvoir. Hizb tahrir ignore complètement la voie démocratique qu'il assimile aux inventions des infidèles. Ses premières cellules en Asie centrale étaient apparues en Ouzbékistan, dans les régions de Fergana, Andijan et Tachkent, entre 1992 et 1994 d'où ses émissaires ont pénétré le nord du Tadjikistan et le sud du Kirghizstan. Selon les autorités policières d'Asie centrale, hizb tahrir entretient des contacts avec plusieurs autres organisations radicales, dont le Jihad islamique et le mouvement islamiste palestinien Hamas, ainsi que le réseau d'Oussama ben Laden. Les défenseurs des droits de l'Homme estiment que la répression menée par le régime du président ouzbek Islam Karimov, accusé de lutter systématiquement contre toute opposition sous prétexte de lutte contre l'islam radical et d'utiliser largement la torture, entraîne une radicalisation des mouvements islamistes. D. B./Agences