Le président américain sortant George W. Bush, un républicain, tente de reprendre l'initiative sur le dossier de l'Irak qui le handicape lourdement face à son adversaire John Kerry, un démocrate, à moins de trois mois de l'élection présidentielle de novembre. Il n'hésite pas à manier l'ironie pour renvoyer la balle dans le camp démocrate, “remerciant” ainsi mardi son adversaire, sénateur du Massachusetts (Nord-Est), pour avoir “clarifié” sa position sur le sujet. “Près de trois ans après avoir voté pour la guerre en Irak, près de 240 jours après avoir changé de position et s'être présenté comme le candidat anti-guerre, mon adversaire a trouvé une nouvelle nuance : il est maintenant d'accord avec ma décision d'entrer en guerre contre l'Irak”, a déclaré M. Bush lors d'un discours à Pensacola (Floride, Sud-Est). “Après avoir remis en question pendant des mois mes motifs, et même ma crédibilité, le sénateur Kerry estime maintenant que, même si nous n'avons pas trouvé les stocks d'armes que nous pensions tous se trouver là-bas, il aurait voté pour aller en Irak et renverser Saddam Hussein. Je veux remercier le sénateur Kerry pour clarifier cela”, a-t-il lancé. Il réagissait à quelques mots lâchés la veille par le candidat démocrate indiquant qu'il voterait à nouveau pour autoriser le président à entrer en guerre contre l'Irak, comme il l'avait fait en 2002. “Je pense que le président doit avoir cette autorité”, avait souligné lundi M. Kerry, non sans ajouter qu'il aurait utilisé cette autorité “de manière différente” et “efficace”. Plus de 900 soldats américains ont trouvé la mort en Irak depuis le début de la guerre en mars 2003, sur les 140.000 actuellement déployés qui font face à une véritable guérilla. Les deux adversaires sont au coude à coude dans les sondages et le camp Bush peine à persuader les Américains du bien-fondé de la guerre en Irak alors qu'aucune arme de destruction massive (ADM) n'a été découverte dans ce pays. “Même si nous n'avons pas trouvé les stocks d'armes de destruction massive que nous pensions trouver, renverser Saddam Hussein était la bonne chose à faire. Saddam Hussein avait les capacités pour fabriquer des armes de destruction massive et il aurait pu les passer à des terroristes. Après les attentats du 11 septembre, c'était un risque que nous ne pouvions nous permettre de prendre”, a réaffirmé M. Bush mardi. Le conseiller de Kerry pour les affaires étrangères, Rand Beers, a immédiatement réagi : “Le débat n'est pas de savoir si nous avions raison de demander des comptes à Saddam Hussein. Le débat est que nous sommes partis en guerre sans nos alliés, sans équiper correctement nos troupes et sans plan pour gagner la paix. Il est temps pour George W. Bush de dire la vérité aux Américains sur sa politique en Irak.” Le transfert de souveraineté à un gouvernement provisoire irakien fin juin permet toutefois à George W. Bush de prendre quelques distances avec la situation chaotique en Irak. R. I./Agences