Le syndicat des pompiers promet une rentrée sociale bien agitée. Un nouveau bras de fer vient de se greffer à la liste, déjà surchargée, des conflits qui augurent d'une rentrée sociale explosive. Le monde du travail risque, en effet, de connaître des perturbations et des agitations. La montée au créneau de plusieurs syndicats de divers secteurs d'activités en sont les signes avant-coureurs. La vague de protestation vient de s'élargir aux fonctionnaires de la Protection civile. Habitués à s'empresser pour secourir des citoyens ou des édifices en danger, les pompiers ont, aujourd'hui, besoin d'être secourus. L'appel a été lancé hier par l'Union nationale des fonctionnaires de la Protection civile (Unfpc) affiliée au Snapap. Le syndicat est sorti de sa réserve et compte engager un véritable combat jusqu'à satisfaction de toutes ses revendications. Les membres du syndicat ont, en effet, dénoncé “la gestion catastrophique” des fonds des œuvres sociales de la Protection civile. “Le rapport établi par l'IGF en 2002 fait état de détournements et de malversations dans la gestion des représentants de l'UGTA”, a lancé d'emblée M. Mebarki, SG de l'Unfpc. Abondant dans le même sens, M. Zaïdi dira que les agents de l'IGF “ont eu des difficultés pour mener leur mission de contrôle de la gestion des œuvres sociales”. Selon les conférenciers, les fonds sont “détournés par les gestionnaires de l'UGTA vers la mutuelle de la Protection avant d'être déboursés sous forme de prêts aux cadres de la direction générale et des directeurs de wilayas”. Les syndicalistes affirment aussi que l'argent des pompiers alimente les comptes d'une unité de confection et de deux menuiseries implantées à Khenchela. Le rapport de l'IGF rapporte noir sur blanc les innombrables détournements des œuvres sociales. Leurs gestionnaires sont allés jusqu'à créer, en 1995, une caisse nationale du logement. Les inspecteurs de l'IGF se sont interrogés sur la légalité de la mise en place d'une telle structure d'autant que “l'utilisation des subventions allouées à la CNL échappe à tout contrôle”. Des appartements ont certes été achetés, mais pas pour les simples fonctionnaires. “Ce sont les premiers responsables qui en bénéficient, tout comme les prêts faramineux”, dira M. Zaïdi. La mystérieuse disparition de la page 25 du rapport de l'IGF en est une preuve pour les syndicalistes. “La fameuse page contient la liste des bénéficiaires d'un prêt d'un montant de 1 milliard 742 millions de centimes”. Par ailleurs, les conférenciers dénoncent le recours de l'administration aux pressions et intimidations pour imposer aux fonctionnaires “une certaine représentativité syndicale (Ugta ndlr)”. Ils s'élèvent aussi contre la sourde oreille de la DG de la Protection civile et des ministères concernés qui “ont été interpellés à maintes reprises”. Ceci, sans oublier l'exclusion de l'Unfpc des discussions autour de l'avant-projet portant statut des agents de la Protection civile. “Le DG compte remplacer le système 24/48 par un système 24/24.” C'est-à-dire que les agents qui bénéficient de deux jours de repos n'auront droit qu'à une seule journée. “Ce que tous les pompiers, sans exception aucune, refusent.” Les cadres syndicaux de la Protection civile réclament la mise en place d'une commission d'enquête chargée de faire toute la lumière sur “la gestion mafieuse” des œuvres sociales, la restitution des logements, de l'argent et de tous les biens achetés avec cet argent sans oublier la concrétisation de la plate-forme de revendications qui est restée lettre morte depuis plus d'une année. La non-satisfaction de toutes ces demandes contraindra les pompiers à passer à la vitesse supérieure. Ils menacent de faire du bruit à la rentrée sociale. “Les pompiers n'ont pas le droit de faire grève. Mais nous, cadres syndicaux, nous pouvons lancer des actions de protestations”. La première action sera une grève de la faim à la rentrée sociale et une contestation nationale. “L'Unfpc/Snapap se réserve le droit de porter nos revendications dans la rue à travers des actions de protestations d'envergure”, note la déclaration du bureau national du syndicat. Ce dernier compte, par ailleurs, ester en justice tous les responsables des détournements des œuvres sociales. Le conseil national de la Fnfpc sera convoqué bientôt pour débattre de la nécessité de recourir à des démissions collectives comme moyen de pression. La colère des pompiers est à son paroxysme et même si la loi leur interdit de faire grève, ils comptent recourir à d'autres actions de contestations. M. B.