L'Algérie n'a obtenu que 365 millions d'euros comparativement au Maroc et à la Tunisie qui ont raflé la part du lion avec, respectivement, 960 millions d'euros et 730 millions d'euros. Les caisses du programme Meda (Mesures d'accompagnement aux réformes) sont vides. Selon des informations recueillies par Liberté auprès de sources proches de la Commission européenne basée à Bruxelles en Belgique, les 5,35 milliards d'euros prévus dans le cadre du Meda 2 sur la période de 2000 à 2006 ont été entièrement utilisés deux ans avant la date de la fin officielle du programme. Comme lors du premier programme (1996-2000), deux pays : le Maroc et la Tunisie ont le plus profité des aides européennes : 960 millions d'euros pour le premier et 730 pour le second. L'Algérie arrive loin derrière avec seulement 365 millions d'euros de subventions européennes aux projets présentés. À qui la faute ? Les Européens pointent du doigt sur les lenteurs bureaucratiques et l'absence de volonté des autorités algériennes. “Comme pour le premier programme Meda, les Algériens n'ont pas présenté beaucoup de projets. L'Europe n'avait aucun moyen d'obliger Alger à le faire. Du coup, l'argent est parti chez ceux qui sont venus le chercher, comme les Tunisiens, les Marocains ou les Israéliens”, explique une source proche de la Commission européenne. À Bruxelles, certains vont même jusqu'à soupçonner les Algériens, dont l'économie se porte bien grâce à la flambée des prix du pétrole, de bouder les aides économiques proposées par la Commission dans le cadre du partenariat euro-méditerranéen. “Maintenant, c'est un peu trop tard pour rattraper les choses. Mais l'Algérie a tout intérêt à venir chercher les aides proposées par l'Europe dans l'avenir”, explique notre source. En effet, les pays de la Méditerranée concernés par les programmes d'aide au développement Meda (Algérie, Egypte, Israël, Jordanie, Liban, Maroc, Syrie, Territoires palestiniens, Tunisie) vont désormais devoir attendre l'année 2007 et le lancement éventuel du Meda 3. En attendant, l'Europe vient de lancer une nouvelle initiative destinée à aider ses voisins : la politique européenne de bon voisinage. Doté d'un budget de plusieurs dizaines de milliards d'euros, ce nouveau programme est différent du Meda : pour accéder aux aides, les voisins de l'Europe concernés devront, non seulement présenter des projets d'investissements, mais aussi s'engager à mettre en place une série de réformes politiques destinées à renforcer la démocratie. Des réformes qui se feront avec l'assistance directe des Européens. L'Europe a déjà signé un accord avec le Maroc en juillet dernier. Des négociations sont en cours avec l'Algérie. Mais elles avancent lentement, selon des sources européennes. Les Algériens sont en effet réticents à l'idée d'accepter d'engager des réformes politiques qu'ils considèrent comme “imposées” de l'extérieur. À chaque fois, les négociateurs algériens mettent en avant l'avancement du processus démocratique en Algérie : presse libre, élections pluralistes. Un discours qui ne convainc pas Bruxelles visiblement déterminé à demander à Alger de mettre en place de véritables réformes démocratiques. L. G.