La douane vient de saisir au port sec de Rouiba huit conteneurs dont quatre de produits textiles. Fausses déclarations sur la nature de la marchandise et sur le poids, tels sont les procédés utilisés pour inonder frauduleusement le marché. Les conteneurs continuent de livrer bien des surprises et souvent leur contenu renforce la thèse de la détermination de certains pseudo-importateurs, véritables professionnels de la fraude, à l'affût de la moindre brèche. Ainsi 8 télescopes aériens et un autre terrestre en plus de 5 jumelles professionnelles ont été découverts dissimulés au milieu d'autres marchandises à l'intérieur d'un conteneur. La saisie de ce matériel de haute sensibilité, dont l'importation est soumise à une autorisation spéciale, a été effectuée par les douaniers au niveau d'une enceinte du port sec de Rouiba il y a quelques jours. Une enquête a été immédiatement ouverte conjointement par les services de sécurité et ceux des douanes, tout comme nous avons appris que l'importateur aurait été identifié. Au même chapitre de la fausse déclaration et sur le même espace du port sec de Rouiba, M. Reg Benamar, le nouveau directeur d'Alger-extérieur nous confirme par ailleurs la saisie d'une importante quantité de friperie et de vêtements d'occasion. Ce ne sont pas moins de quatre conteneurs de grande capacité, 40 pieds, interceptés par les douaniers. Dans cette affaire également, l'infraction porte sur la fausse déclaration d'espèce et assurément de poids, l'importateur ayant déclaré la marchandise comme étant des produits manufacturés. Le préjudice porte sur plusieurs milliards de centimes, ajoute le directeur régional qui nous fait savoir qu'1 kg de friperie tourne autour de 40 DA. Il semble, en effet, que la pauvreté qui touche de plus en plus de populations et la rentrée sociale qui s'annonce, ont motivé l'orientation de certains importateurs en faveur de marchandises déclassées et usagées telles que la friperie destinée à habiller des couches sociales défavorisées. Sauf que l'appât du gain facile, au préjudice du Trésor et parfois de la santé publique, a fini par avoir raison sur la légalité. Sur la même lancée, la vigilance douanière a mis au jour, au cours de la même semaine, trois autres conteneurs renfermant de la pièce détachée d'occasion déclarées neuves. Ce genre de marchandises est fortement prohibé en raison de son caractère dangereux pour la sécurité routière et également pour les risques d'amalgame qui pourraient en découler suite aux vols de véhicules désossés pour être revendus en pièces détachées. C'est aussi un autre marché juteux dans lequel activent des barons connaisseurs qui se mettent à l'abri de toute tracasserie tant ils maîtrisent leurs “manœuvres”. Selon le directeur régional, Reg Benamar, “d'autres surprises sont à prévoir car nous assurons une surveillance de toute heure sur toutes les importations. Et conformément aux instructions de notre hiérarchie, nous avons à veiller sur les facilitations pour les véritables opérateurs”. Et d'ajouter qu'aucun espace sous douane ne “pourra constituer un champ ouvert à la fraude”. Allusion à la surveillance du mouvement des trabendistes à l'aéroport international d'Alger, puisque, selon lui, de folles rumeurs circulent sur l'importance du phénomène. “Notre action en priorité porte sur la sauvegarde des intérêts économiques en axant nos efforts essentiellement sur les importants courants de fraude qui peuvent toucher les mouvements de drogue, fuite de capitaux et autres produits prohibés”. Dépassée donc l'histoire du gendarme et du voleur ; l'ouverture économique du pays suggère plutôt la guerre entre le douanier et le fraudeur, que ce soit sur les ports tout court ou sur les ports secs qui ne sont finalement pas aussi “secs” que leur appellation technique le laisse entendre. A. W.