Le système politique kadhafien ne sera pas touché. C'est ce que vient de rappeler Maâmar Kadhafi à l'occasion du 35e anniversaire de sa prise du pouvoir, qu'il a intitulé la Révolution du fatah, après avoir renversé 1er septembre 1969 la monarchie Senoussi en compagnie d'officiers libres, à l'image de l'Egyptien Nasser qui a été pour lui plus qu'une icône. Par contre, Kadhafi s'est fait le chantre de ses ouvertures économiques et diplomatiques. Depuis une année, Tripoli vit sous l'égide de la révolution économique avec le démantèlement de l'économie administrée, reconnue par Kadhafi en personne comme source de corruption et de gaspillage. Dans son discours commémoratif, prononcé dans sa ville natale de Syrte devant plusieurs centaines de cadres des comités populaires, le guide libyen, comme Kadhafi se plaît lui-même à le rappeler, répétant qu'il n'est pas chef de l'Etat, n'a évoqué ni l'éventuelle nomination d'un chef de l'Etat, qui serait chargé de superviser le travail du gouvernement, ni sa propre succession. Son fils, Seïf Al Islam, jeune homme haut en couleur fréquentant la jet-set mais actif acteur de la diplomatie secrète chère à son père, selon des rumeurs récurrentes régulièrement démenties, pourrait prendre la suite de son père. Il s'est fait particulièrement discret pendant les fêtes 1er septembre, mais a ravi la une à son père en apparaissant lors de la cérémonie de règlement définitif de l'indemnisation des victimes allemandes de l'attentat contre la discothèque La Belle en 1986, en Allemagne. Le rejeton de Kadhafi fait la une de la presse internationale et pas que de la presse people. On le retrouve dans le dénouement de toutes les crises qui ont valu à la Libye la mise sous embargo et le classement par Washington de Kadhafi d'axe du mal. Sa fondation, la Fondation internationale Kadhafi pour les œuvres sociales, est un Etat dans l'Etat. Cela dit, bien que n'ayant officiellement aucun rôle dans la gestion des affaires de l'Etat, Kadhafi père reste la clé de voûte d'un système politique basé sur les comités populaires, l'Etat des masses, la Jamahiriya. Ses portraits accrochés partout dans les aéroports et ports internationaux, à l'entrée des hôtels et sur les places publiques, symbolisent son pouvoir. Il y a quinze mois, en juin 2003, Kadhafi avait congédié en public son Premier ministre M'barek Echamekh, accusé d'avoir retardé les privatisations, pour nommer Choukri Ghanem, un économiste formé aux Etats-Unis, spécialiste du pétrole, avec carte blanche pour réformer en profondeur l'économie libyenne afin de la faire entrer dans l'ère du marché. Kadhafi, fidèle à lui-même, estimant que l'architecture de son pouvoir est exempte de luttes pour le pouvoir, vient d'exhorter les Etats-Unis de l'adopter en prophétisant la fin du capitalisme, de l'impérialisme, de la démocratie représentative, de l'exploitation et de la répression, et leur remplacement par la Jamahiriya socialiste populaire ! Depuis le règlement du contentieux de l'attentat contre l'avion de la Pan Am à Lockerbie (Ecosse) en 1989 et la renonciation par Tripoli à son programme de destruction massive, les relations sont au beau fixe entre Washington et Tripoli. D. B.