Le guide libyen a clos le contentieux l'opposant à l'Occident et annonce une nouvelle Révolution. Soldant son passé conflictuel avec l'Occident, le numéro un libyen Maâmmar El Gueddafi a célébré avec faste le 39e anniversaire de sa Révolution et promis de nouveaux bouleversements économiques et politiques. Contrairement à l'année précédente où il avait opté pour la discrétion, laissant son fils Seïf al-Islam lui voler la vedette, le colonel Kadhafi a été omniprésent au cours des festivités organisées de samedi à hier dans la ville de Benghazi, à 1.000 km à l'est de Tripoli, pour l'anniversaire de la Révolution du 1er septembre 1969 qui l'a porté au pouvoir. Sur le plan national, il a décidé de combattre la corruption dans l'administration, accusée de piller les revenus du pétrole. Pour ce faire, le Guide libyen a décidé tout simplement de supprimer les administrations et distribuer la manne pétrolière directement à la population. «Chacun aura sa part dans sa poche et qu'il se débrouille», a-t-il dit. Il a ajouté qu'hormis les ministères de souveraineté (Sécurité, Défense, Affaires étrangères, Justice) toutes les autres administrations seront supprimées à partir du début de l'année prochaine. Il a prévenu qu'il y aurait du «chaos» durant les deux premières années, mais la société s'organisera petit à petit pour gérer ses affaires elle-même, a-t-il dit dans ce discours prononcé dans la nuit du dimanche à lundi. En mars, il avait déjà appelé à la suppression des ministères mais depuis, rien ne s'est produit et il reste à voir si les mesures annoncées seront traduites dans la réalité. Défilé militaire, feux d'artifices, chants et poèmes à sa gloire, le colonel El Gueddafi était aux anges dès samedi soir à Benghazi devant des milliers de sympathisants, couronne sur la tête, sceptre à la main. Des symboles de royauté offerts au «Guide de la révolution» par des chefs de tribus africaines qui l'ont intronisé jeudi «roi des rois d'Afrique». Le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi a assisté aux festivités à ses côtés après avoir réglé «définitivement» leur contentieux colonial par un traité dans lequel l'Italie présentait ses excuses solennelles avec, en prime, des investissements de 5 milliards de dollars. Geste symbolique, El Gueddafi a signé lui-même et en grande pompe ce traité, une première puisque le dirigeant libyen, malgré le pouvoir dont il jouit, n'assume sur le papier aucune fonction officielle. «C'est un grand acquis politique, moral et matériel, duquel nous allons tirer profit toute la vie», s'est-il félicité dans la nuit de dimanche à lundi à Benghazi où il tenait un discours devant la Congrès général du peuple (Parlement). Une victoire éclatante pour le guide libyen, avant de recevoir au cours de cette semaine la secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice. Cette visite, qui sera la première d'une personnalité américaine de si haut rang depuis des dizaines années, a été rendue possible grâce à la signature le 14 août d'un accord sur les indemnisations des victimes américaines et libyennes du conflit entre les deux pays dans les années 1980. «Le dossier avec les Etats-Unis a été définitivement classé», a déclaré El Gueddafi, soulignant toutefois que son pays ne cherchait pas une amitié avec les Etats-Unis. «Tout ce que nous voulons, c'est qu'ils nous laissent tranquilles», a-t-il dit. Il a qualifié par ailleurs les relations de son pays avec la France d'«excellentes». Des rapports qui sont au beau fixe depuis la libération des infirmières bulgares en juillet 2007, dont la détention empoisonnait les relations de Tripoli avec l'Union européenne. Le 1er septembre 1969, le colonel El Gueddafi avait pris le pouvoir en renversant la monarchie du vieux roi Idriss. En 1977, il avait proclamé la «Jamahiriya», qu'il définit comme un «Etat des masses» qui gouvernent par le biais de comités populaires élus.