Le «Commandanté», s'est levé de son lit d'hôpital pour marcher dans sa chambre. C'est aujourd'hui que le leader cubain fête son 80e anniversaire. Le parcours hors du commun de Fidel Castro, au pouvoir depuis janvier 1959, vient de connaître un épisode des plus controversés, suite à l'intervention chirurgicale qu'il a subie, tout récemment, au niveau de l'estomac. Le Lider Maximo avait qualifié, dans un message écrit de sa main et lu à la TV, les informations se rapportant à son état de santé de «secret d'Etat», compte tenu, précise-t-il, d'une possible agression américaine. L'homme qui avait échappé à 600 tentatives d'assassinat tout en assistant à la succession de 10 présidents des Etats-Unis a délégué, le 31 juillet dernier, tous ses pouvoirs militaires et politiques à Raoul Castro, son frère cadet de 5 ans. Des polémiques et des spéculations de toutes sortes ont animé la scène médiatique et politique internationale, depuis l'annonce de la dégradation de l'état de santé du Lider Maximo. L'Amérique latine, en particulier, suit de très près l'état de santé, de celui qui fut «la bête noire» de l'impérialisme et de l'hégémonie de Washington. Outre le peuple cubain, l'après Castro est une question qui préoccupe le puissant voisin, les Etats-Unis, le géant émergent, le Brésil, les dissidents cubains vivant à Miami, ainsi que le nouveau porte-flambeau de l'anti-impérialisme américain, le président vénézuélien, M.Hugo Chavez. L'après-Castro serait marqué par une ouverture économique à «la chinoise», soutient un nombre d'observateurs de la scène cubaine. Les successeurs de Castro vont tolérer l'apparition d'une timide propriété privée, avant d'engager un rapprochement économique et politique avec Washington et l'UE. La même thèse soutient que les futurs dirigeants de la Havane auront des atouts de négociation très influents pour aboutir à la levée de l'embargo. Il s'agit tout particulièrement, de renoncer au rôle de porte-étendard de la lutte contre le capitalisme et l'américanisme, du contrôle de l'immigration ainsi que la surveillance du trafic de drogue. Il est prévisible, par ailleurs, que cette île maintienne son système politique fonctionnant à base d'un parti unique, PCC (Parti communiste cubain). Cela bien évidemment aux fins de contrecarrer une éventuelle infiltration américaine qui profitera de l'ouverture démocratique pour annexer le pays. La préservation des acquis du régime castriste, notamment en matière de santé et de l'éducation, ne serait possible, selon les mêmes observateurs, que par le maintien du contrôle économique entre les mains des révolutionnaires. Toutefois, il est tout à fait insensé de concevoir une ère post-castriste, sans intégrer dans l'équation, le rôle qui peut être joué par Washington. Surtout si l'on prend en compte la donne stipulant que la levée de l'embargo économique, imposé à ce pays depuis plus de 40 ans, ne peut avoir lieu sans l'instauration d'un régime politique conforme aux exigences du Congrès. L'attitude américaine actuelle est partagée entre la pression exercée par le lobby des exilés de Miami qui soutiennent une tendance interventionniste plus ou moins couverte d'une part et par la position officielle de Washington qui adopte une conduite de non-ingérence, d'autre part. Il est vrai que la Maison-Blanche ne veut pas d'un foyer de turbulences à moins de 100km des côtes de la Floride. C'est ce qui explique le fait qu'elle a appelé les exilés cubains à plus de modération. L'homme qui a renversé Batista avec le légendaire Ernesto «Ché» Guevara en 1959, a infligé une cuisante défaite aux Américains dans la baie des cochons en 1961, quand la CIA a fait débarquer 1400 Cubains exilés pour renverser le régime. Les médias officiels de la Havane ont indiqué hier que le «Commandanté», s'est levé de son lit d'hôpital pour marcher dans sa chambre. Granma, le journal du parti communiste cubain a qualifié le Lider Maximo de «caguairan», un chêne d'une solidité inégalée et dont le bois sert à fabriquer des oeuvres qui durent. Bien qu'il ne soit pas en mesure de souffler 80 bougies à la fois, il est attendu, aujourd'hui, que Castro coupe lui-même, le gâteau de son 80e anniversaire.