Cette visite, la première du genre depuis l'accession du chef de l'Etat à la magistrature suprême en 1999, répond en fait à une invitation du président de l'APN, Amar Saïdani, à l'occasion de l'hommage que rend l'institution à Rabah Bitat. “J'ai invité le président de la République à venir nous honorer de sa présence ce mercredi à l'Assemblée nationale dans le cadre des festivités, qu'organise notre institution en hommage au défunt Rabah Bitat, et coïncidant avec la célébration du 50e anniversaire du déclenchement de la guerre de Libération nationale du 1er Novembre 1954”, expliquera Amar Saïdani contacté hier par téléphone. Soulignant l'importance de cette rencontre à laquelle prendront part une pléiade de personnalités historiques qui ont marqué la Révolution, plusieurs figures nationales et politiques, des moudjahidine ainsi que des représentants d'associations, le président de la Chambre basse du Parlement annonce un discours du chef de l'Etat à la nation. “Je ne connais pas la teneur du discours du président, mais il est sûr qu'il dira beaucoup de choses”, souligne-t-il. Au-delà du contenu du discours présidentiel et des messages politiques qu'il délivrera, le déplacement du président de la République était pour le moins inattendu. Et pour cause, Bouteflika a de tout temps nourri de mauvais rapports avec l'APN aussi bien du temps de l'ancienne que de l'actuelle législature. On se rappelle, en effet, le recours abusif de l'actuel chef de l'Etat à la légifération par ordonnance en intersession parlementaire, parfois même à quelques jours de l'ouverture de la session, alors que les dispositions législatives des ordonnances en question n'étaient pas inscrites dans l'urgence. C'était autant le cas à l'époque où la majorité parlementaire était détenue par le Rassemblement national démocratique (RND) d'Ahmed Ouyahia que par le Front de libération nationale (FLN) de Ali Benflis. Les députés, pendant ces deux législatures, avaient à cet égard qualifié la démarche présidentielle de “méprisante à l'égard des élus du peuple”. La possibilité d'une dissolution de l'Assemblée nationale avait même été envisagée par le chef de l'Etat au cas où les députés du FLN (majoritaires) viendraient à bloquer un de ses projets. C'est Ahmed Ouyahia, en sa qualité de Chef du gouvernement, qui s'est chargé de répercuter cette possibilité à ses députés à l'occasion d'une rencontre interne du parti, en 2003. Qu'est-ce qui a donc changé pour que le président Bouteflika daigne accepter une invitation de l'APN ? De l'avis de nombreux députés interrogés à ce sujet, “c'est l'effet du 8 avril”. “L'APN n'est pas une institution qui s'opposera désormais au président après le score de 85% obtenu à l'élection présidentielle et les turbulences qui secouent le FLN, le parti de la majorité, pouvant bloquer, à lui seul, tout projet qu'il jugerait inopportun.” N. M.