Abdelkader Bensalah a plaidé pour l'élargissement des prérogatives des membres de son institution tandis que Amar Saïdani s'est confondu dans les louanges au chef de l'Etat. Les deux Chambres du Parlement ont gelé, hier, le cycle des plénières jusqu'au début du mois de mars prochain, à la date d'ouverture de la troisième session de printemps de la présente législature. Tradition oblige, le président du Conseil de la nation et son homologue de l'Assemblée populaire nationale ont égrené, tour à tour, un discours devant le Chef du gouvernement et son staff de ministres et les membres de leurs institutions respectives. Dans la matinée, Abdelkader Bensalah, président du Sénat, a subtilement plaidé, pour l'élargissement des prérogatives des sénateurs. “… La sagesse a incité les sénateurs à opter continuellement pour le vote positif, y compris sur des dispositions de loi, qui ne servent pas, de leurs avis, l'intérêt conjoncturel du pays”. Le deuxième personnage de l'Etat a fait, sans l'ombre d'un doute, allusion au projet de loi de finances pour 2005, dont certains amendements (notamment l'interdiction de l'importation des boissons alcoolisées) n'a pas reçu l'agrément des membres du Sénat. Ces derniers se sont, néanmoins, abstenus de bloquer ces amendements afin de ne pas compromettre le processus d'adoption de la loi de finances dans les délais impartis par la Constitution. “Les sénateurs ont opté ainsi pour le choix qui comporte le moins de risques…”, a conclu laconiquement Abdelkader Bensalah. Si les sénateurs avaient le pouvoir d'intervenir sur les articles d'un projet de loi, ils auraient certainement corrigé ce qu'ils considéraient comme les erreurs de leurs pairs de l'Assemblée nationale. Des erreurs lourdes de conséquences pour l'économie nationale. Saisissant, encore une fois, l'occasion que lui offre le septième anniversaire de la création du Conseil de la nation (4 janvier), Abdelkader Bensalah a affirmé que “l'avènement de la deuxième Chambre parlementaire a renforcé la stabilité des institutions de la République”. Il n'a pas manqué non plus de défendre le chef de l'Etat, ainsi que le gouvernement. Il a particulièrement loué les efforts fournis par Ahmed Ouyahia et son équipe, dans la préparation de grands dossiers, qui seront traités par le Parlement lors de ses prochaines sessions. Saïdani célèbre la “visite-évènement” de Bouteflika à l'APN Dans l'après-midi, le président de l'Assemblée populaire nationale, Amar Saïdani, s'est montré plus dithyrambique. Une large partie de son discours a porté sur le chef de l'Etat, louant spécialement sa politique de concorde nationale et exprimant, d'ores et déjà, le soutien des députés à son projet d'amnistie générale. Ancien président des comités de soutien à M. Abdelaziz Bouteflika — en 1999 —, puis coordinateur des comités de soutien à son programme, le successeur — en juin 2004 — de Karim Younès à la tête de la Chambre basse a fièrement évoqué le déplacement, en octobre dernier, du président dans l'hémicycle. Cette “visite historique a incontestablement été un des moments forts de cette session (d'automne)” d'autant que le “moudjahid, que Dieu lui prête longue vie, a fait l'insigne honneur d'accepter que soient mises sous son haut patronage le 50e anniversaire du déclenchement de la Révolution et l'hommage rendu au regretté Rabah Bitat”. “La visite-évènement dans cet espace de démocratie, a dit M. Saïdani, a indéniablement conforté l'optimisme des députés et renforcé leur détermination à consentir davantage d'efforts pour une plus grande efficacité d'action au sein de notre Assemblée”. Au nom de ses pairs, il a exprimé une profonde reconnaissance à l'endroit de celui qui, au lendemain de l'élection présidentielle du 8 avril dernier, a pesé de tout son poids pour que soit désigné, sous forme de scrutin, le député d'El-Oued à la place de l'ancien protégé de Ali Benflis. Et, toujours, au nom de ses pairs de l'APN, il ne s'est pas empêché de noter la mobilisation “autour de la réconciliation nationale et de l'initiative portant amnistie générale qui tend à ancrer les valeurs de tolérance et consacrer l'esprit de fraternité et de solidarité, réunifier les rangs, apaiser les rancœurs et extirper les racines de la fitna (discorde, ndlr) et de l'extrémisme”. Le chef de l'Etat a prononcé un discours tout en étant physiquement présent à Naïrobi (capitale du Kenya) pour la cérémonie de signature des accords de paix au Soudan. Le président de l'APN a tout de même le temps de préciser que la session d'automne était celle du “travail, les élus ayant adopté des projets de lois importants”. Attentifs, regroupés autour de leur chef du gouvernement, les ministres ont applaudi, songeant dans le même temps à ces rumeurs qui rendent l'échéance du remaniement toujours plus proche. Le Parlement a baissé pavillon, il revient dès mars prochain. S. H./ L. B.