Traditionnellement, c'est l'institution militaire qui reçoit le chef de l'Etat en pareille occasion. Le chef de l'Etat prononcera, aujourd'hui, un discours devant les députés de l'Assemblée populaire nationale. Intervenant à l'occasion d'un hommage rendu par l'APN à Rabah Bitat et à la veille du cinquantenaire de la guerre de Libération nationale, la rencontre du président de la République avec les élus de la nation renferme manifestement une charge symbolique qui ne peut échapper à l'opinion nationale. L'hommage que rendra Bouteflika au défunt Bitat, lequel a présidé aux destinées de l'Assemblée populaire nationale, aura à n'en pas douter, une résonance particulière, d'autant que la prise de parole du chef de l'Etat aura pour fil d'Ariane la guerre de Libération nationale et la part active prise par les politiques dans le combat libérateur. Un signe fort, s'il en est, de la volonté du chef de l'Etat de donner toute son importance à l'institution législative en ces moments de commémoration du cinquantenaire de la Révolution. Le caractère inédit de l'événement et sa proximité avec le cinquantième anniversaire du 1er Novembre 1954, n'a pas échappé aux observateurs qui y ont vu une confirmation du processus de réhabilitation du politique face au militaire. Faut-il rappeler à ce propos que, traditionnellement, c'est l'institution militaire qui reçoit le chef de l'Etat en pareille occasion. Or, pour cette année, il semble que le président de la République ait préféré s'adresser aux élus du peuple, plutôt qu'aux soldats. Ainsi, quelques mois seulement après la démission de l'ancien chef d'état-major de l'ANP et à la première célébration d'un événement majeur de l'histoire de la nation, le chef de l'Etat entend faire du principe de prédominance du politique sur le militaire une réalité palpable. Ainsi, indépendamment de ce que dira le président de la République dans son discours, il est clair que le seul fait d'avoir «accepté l'invitation» du président de l'APN, Amar Saïdani, Bouteflika a tout simplement bousculé un certain ordre établi au lendemain de l'indépendance qui voulait que la hiérarchie militaire soit destinataire du discours solennel du Président. Pour cette fois, Bouteflika a donc dérogé à une tradition, en y mettant la forme, puisque son passage à l'APN sera d'abord le fait du président de cette Assemblée qui a pris sur lui d'inviter le chef de l'Etat. Sans faire trop dans le protocole, le président de la République vient de faire un signe fort à l'ensemble de la classe politique, et poser l'un des plus importants jalons de la réconciliation nationale qu'il n'a de cesse de promouvoir depuis son accession au pouvoir. Le débat franc sur le 1er Novembre entre Mehri, Hamrouche et Aït Ahmed à Alger, le 31 octobre prochain, relève justement de cette nouvelle dynamique qui se veut rassembleuse de toutes les énergies de la nation. L'attitude des parlementaires face au président de la République et le discours que développeront les trois hommes politiques, renseigneront sur le climat politique réel en Algérie en cette veille du cinquantenaire de la Révolution.