Le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, a été hier l'hôte des députés de la nation pour la première fois depuis son arrivée au pouvoir. Cette séance spéciale a été organisée par l'APN en hommage au défunt moudjahid Rabah Bitat, à l'occasion de la célébration du 50e anniversaire du déclenchement de la révolution du 1er novembre 1954. Le premier magistrat du pays y a prononcé un discours de plus d'une heure et demie, où il a abordé plusieurs questions et a, par là même, clarifié certains points portant sur la réconciliation nationale, les réformes engagées notamment, le code de la famille, ainsi que le dossier du Sahara-Occidental. Au préalable, le président a rendu un hommage au défunt Rabah Bitat. Il a déclaré, à plusieurs reprises, qu'il s'est déplacé à l'APN pour rendre, à l'instar des députés, un hommage à son grand ami et combattant de la première heure le défunt Bitat. « J'ai accepté votre invitation pour que, ensemble, nous rendions un hommage à l'artisan de la révolution algérienne. A l'homme qui a sacrifié sa vie pour le bien de ce pays. Je ne suis jamais venu à l'Assemblée, car je respecte l'indépendance des institutions constitutionnelles », a indiqué le chef de l'Etat qui a rappelé le parcours révolutionnaire du défunt Bitat. « J'ai connu Bitat en 1961 dans un camp et j'ai eu de l'admiration et un grand respect pour ses positions responsables et courageuses. Avec le président géant Ben Bella, nous avons travaillé en étroite collaboration. Bitat était l'homme de la rupture. Il avait une position nationaliste et exceptionnelle. C'était, en somme, un rassembleur », dira l'orateur qui s'est remémoré une phrase écrite dans la lettre de démission de Bitat du poste du président de l'APN en 1990 : « Je prends cette décision dans l'intérêt surpême de notre pays. » Cette démarche de l'avis de M. Bouteflika ne peut émaner que d'un homme qui assume pleinement ses responsabilités. Plusieurs personnalités ont pris part à la cérémonie présidée par le chef de l'Etat, en plus du gouvernement dans son ensemble. Il y avait Rédha Malek, Ali Tounsi, Abdelmadjid Sidi-Saïd, Belaïd Abdesselam et tous les députés des différentes tendances... Sur les autres chapitres, le chef de l'Etat a mis en exergue la nécessité de rendre aux institutions de la République leur crédibilité. « Ceux qui n'ont pas connu la révolution se trompent de peuple. Aujourd'hui, la fièvre électorale est passée, nous devons nous remettre au travail. C'est avec le labeur que l'Algérie se remettra sur les rails. Notre pays a retrouvé sa stabilité et sa sérénité. On s'est affranchi de la crise et nous devons aujourd'hui nous redonner confiance et nous armer de volonté », a souligné le président qui a enchaîné que les réformes engagées par l'Etat sont nécessaires et urgentes et doivent se concrétiser sur le terrain si l'on aspire à un Etat moderne. « Il faut la conjugaison de tous les efforts pour la réussite des réformes. Il reste que l'Etat ne reculera pas par rapport aux projets entrepris, notamment celui relatif au code de la famille. La réforme du code de la famille est une nécessité, car le contexte international l'impose », dira-t-il, en ajoutant que le dialogue reste l'unique alternative pour la résolution de tous les problèmes posés par la population qui n'a pas besoin de tutorat. Abordant le sujet épineux de la réconciliation nationale, le chef de l'Etat a indiqué que la cohésion nationale est indispensable pour le développement du pays et que la réconciliation est un mécanisme qui garantit la stabilité. Toutefois, le président s'est montré catégorique concernant ceux qui ont semé la mort dans le pays. « Nous serons sans pitié avec les assassins et les auteurs des violences », dira-il, en faisant allusion au FIS dissous. « Nous ne dialoguerons jamais avec les personnes qui n'avouent pas et ne dénoncent pas leurs crimes. Ces personnes doivent assumer leurs actes. Cette question reste l'affaire de tous les Algériens et les portes du pardon sont ouvertes, car une faute avouée est à moitié pardonnée », a avoué le chef de l'Etat en déclarant en outre que la réconciliation nationale doit impérativement faire l'objet d'une consultation nationale. Sur le plan international, plus particulièrement le conflit du Sahara, M. Bouteflika a déclaré que l'Algérie respecte et respectera les décisions des Nations unies et qu'elle n'est pas une partie du conflit. « Nous accueillerons avec satisfaction les décisions que prendront le Maroc et le Polisario. Par principe, nous sommes solidaires avec les pays qui revendiquent leur indépendance », a-t-il soutenu. Pour faire preuve de bon sens et démontrer la bonne foi de l'Etat algérien, M. Bouteflika a annoncé l'annulation de toutes les exhibitions militaires pour ne pas envenimer la situation entre le Maroc et l'Algérie. « La presse marocaine a interprété d'une manière négative notre position. Je suis un homme de paix, donc j'ai préféré l'apaisement et, par conséquent, l'annulation des festivités dans la région à l'occasion du 50e anniversaire », a conclu le président.