George Bush junior s'est forgé un tempérament de gagneur, et les Américains adorent cela. George Walker Bush vient de réussir là où son père a échoué en 1992 : garder pour quatre années supplémentaires le bureau ovale de la Maison-Blanche. Le fils possède, sans doute, ce “plus” qui avait manqué au père. Il possède cette faculté propre à certains politiques d'enfiler un costume selon la couleur du moment. Quoi qu'on dise, George Bush junior a su rester tout près de son peuple dans les épreuves difficiles. Il a su partager ses peines, mais aussi ses défis et sa détermination de ne pas céder à la menace terroriste. S'il a protesté contre les positions de “la Vieille Europe”, il est resté tout de même très catholique dans sa démarche. On revoit encore l'image d'un président, terriblement apeuré par les attentats du 11 septembre, accomplir sa prière dans une célèbre église de Washington. Bush n'hésite pas, en effet, à se ressourcer dans la religion, histoire de solliciter un réconfort spirituel. “My God” ou “God save America” sont autant d'invocations qui ont fait de Bush un homme politique… pratiquant. Il y a aussi l'autre image. Celle d'un président au visage fermé, résolu, austère et décidé à traquer l'ogre terroriste où qu'il se trouve. On l'a ainsi vu quelques jours après le choc du 11 septembre, tentant de remonter le moral à un peuple qui en a pris un coup en plein cœur. Des certitudes ? Bush en a à en revendre. Il était par exemple sûr de capturer Ben Laden à Tora Bora et qu'il n'allait pas y avoir de victimes civiles grâce aux frappes dites “chirurgicales”. Il était également certain de trouver des armes de destruction massive en Irak et de prouver que le régime de Saddam Hussein collaborait avec Al-Qaïda. Le temps lui a évidemment donné tort. Mais, fier et altier, il ne l'a jamais reconnu publiquement. George Bush se présente comme un président presque infaillible. Cette assurance doublée d'une jovialité naturelle fait de cet ex-gouverneur du Texas une star populaire comparable à celles d'Hollywood. Adulé, “l'acteur” Bush se met également dans la peau d'un gladiateur qui n'a pas peur de guerroyer. Et les Américains sont tellement devenus frileux qu'ils perçoivent l'uniforme de Bush comme un bouclier de sécurité. Mal élu en 2000, puis mal servi par le sort qui lui ont réservé les terribles attentats du 11 septembre, George Bush a su habilement remonter la pente et a pu transformer la “défaite” sécuritaire contre Ben Laden en une victoire populaire grâce à l'image qu'il s'est forgée de vrai gendarme du monde. Plutôt de vrai shérif. George Bush est un président “va-t-en-guerre” comme l'Amérique n'en a jamais connu. Il fonce droit sans trop se poser de questions quitte à froisser les alliés traditionnels de son pays, comme cela avait été le cas lors de l'invasion de l'Irak. Hier encore, George Bush était quasiment sûr de sa victoire avant même le comptage des voix dans trois Etats. C'est cela le tempérament de cet homme élégant et souriant. Autant dire celui d'un gagneur. Et les Américains adorent ça. Ils l'ont réélu. H. M.