George Bush (re)découvre subitement les vertus du partenariat – sécuritaire bien sûr – avec l'Algérie. Peu orienté vers notre pays jusque- là, l'esprit du président américain a « atterri » au palais d'El Mouradia ce week-end à la faveur d'un message de félicitation à l'occasion de la fête de l'indépendance. Discours de circonstance, certes, mais qui tranche radicalement avec le ton des rapports au vitriol du département d'Etat sur l'Algérie. Une fois n'est pas coutume, Abdelaziz Bouteflika a eu droit à des mots très doux, à la limite de la dithyrambe de la part de George W. Bush qui érige l'Algérie en un « véritable allié » dans la lutte contre le terrorisme et qui, selon lui, possédait « un énorme potentiel ». Jamais depuis son accession à la Maison-Blanche, le président de la première puissance mondiale ne s'est laissé aller à ce genre d'épithètes flamboyantes à l'égard de l'Algérie qui, au mieux, est un acteur intéressant dans sa guerre mondiale contre le terrorisme. A six mois de son départ de la Maison-Blanche, George Bush a consenti cette fleur épistolaire à Bouteflika en soulignant que « les Etats-Unis d'Amérique considèrent l'Algérie comme un partenaire clé aujourd'hui et demain ».C'est là l'expression du pragmatisme américain à l'état cru. Que George Bush mette pour une fois le fond et la forme dans son message suggère sans doute que les « think thank » de la Maison-Blanche entendent tirer des avantages collatéraux de cet effort sémantique à l'endroit d'un pays qui ne gravite pas forcément dans la zone d'influence américaine. Bien qu'elle ne soit pas un modèle du genre en matière de respect des droits de l'homme et des libertés, l'Algérie constitue aux yeux des spins doctors US, un « pays clé » dans la sous-région du Maghreb et du Sahel dans la lutte contre Al Qaïda, comme le souligne à juste titre Bush dans son message. C'est donc, fondamentalement, un satisfecit sécuritaire que vient de délivrer le président américain aux décideurs algériens. Exit donc les questions qui fâchent et Bouteflika semble parfaitement arranger les plans US. La preuve ? George Bush apprécie particulièrement « votre leadership (celui de Bouteflika) et nous attendons avec intérêt de travailler avec vous pour construire une région nord-africaine intégrée, démocratique et prospère », a-t-il précisé. Cette petite phrase se décline, en effet, comme un quitus des Etats-Unis à la politique de Abdelaziz Bouteflika qu'il semble apprécier par-dessus tout. Il est évident, les projections de George Bush vont au-delà de sa propre administration, lui qui est appelé à quitter le bureau oval dans six mois. Que ce soit McCaine ou Obama, Bush entend solidifier et fructifier ce partenariat avec l'Algérie, plus précisément avec Bouteflika. La politique étrangère étant un invariable chez tous les candidats à la Maison-Blanche, Bush voudrait ainsi garder le contact avec les alliés, dont l'Algérie. Un bras armé US Et cet élan épistolaire s'insère parfaitement dans la stratégie d'un homme qui mène une guerre contre « l'axe du mal ». L'apport d'Alger dans cette guerre n'est à ses yeux pas de trop, malgré les frictions diplomatiques sur l'Irak et la Palestine. Que Bush fasse les yeux doux à l'Algérie est en soi logique, lui qui veut sécuriser (ou américaniser ?) la région en attendant de trouver un pied-à-terre à l'Africom. C'est, à quelques adjectifs près, le même « coup de cœur » qu'a concédé la secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères, Condolezza Rice, en mai dernier dans un message adressé à l'occasion de l'ouverture du nouveau siège de l'ambassade américaine à Alger. Le binôme de George Bush est allée jusqu'à faire monter l'Algérie sur le piédestal de « championne de la sécurité régionale et internationale et un leader reconnu en Afrique du Nord et au-delà ».Comme son président, Mme Rice constate « incontestablement que l'Algérie a acquis une grande expérience en matière de lutte antiterroriste au bout de 15 années de confrontation sur le terrain avec les groupes armés ». Il est donc loisible de souligner les accents sécuritaires du ravissement américain pour un pays si loin diplomatiquement. Mais pour les autorités algériennes, c'est toujours bon à prendre en cette période de précampagne pour la présidentielle.Que l'oncle Sam soit content est un indice de la bonne direction à prendre. C'est aussi une sorte de visa diplomatique aux dividendes politiques non négligeables pour un Bouteflika qui fait de sa politique étrangère le seul motif de fierté, à défaut de régler les affaires internes.