Comme en 2000, des élections sur le fil. Kerry le démocrate devait subir le même sort qu'Al Gore. Bush reste à la Maison-Blanche. Le candidat républicain a bénéficié de la prime de sortant que Kerry n'a pas pu contrarier. Le candidat démocrate n'a pas été plus convaincant sur les questions de sécurité et du terrorisme que Bush maîtrise parfaitement, et qu'il a exploitées avec brio à la satisfaction des électeurs de son propre camp, mais aussi celui des indécis. Pourtant, Kerry s'est même approprié les initiales de JFK pour essayer de faire raviver l'esprit du président John Fitzgerald Kennedy. John Forbes Kerry s'est présenté comme l'héritier de JFK, oubliant que le années sixties, c'est vraiment du passé, et que cela n'intéresse que la classe moyenne intelligente : des laïcs, le showbiz, des artistes branchés et progressistes, les écrivains non conventionnels, des étudiants des campus des côtes ouest et est, des écologistes, des pacifistes et des libéraux favorables à plus de libération des mœurs et s'opposant à la peine de mort. Ces populations, qui s'agglomèrent derrière le panache des démocrates, représentent tout de même la moitié de l'électorat. Ce camp comporte aussi des fortunés comme le milliardaire Soros, qui s'était juré de faire tomber Bush. Mais, le gros des riches a plutôt servi Bush, porté entièrement par le clan des pétroliers et l'establishment du complexe militaro-industriel. Kerry a essayé de convaincre sur sa foi religieuse. Mais, c'est un catholique, comme JFK, et la mode aux Etats-Unis est aujourd'hui aux églises évangélistes, domaine réservé de Bush. Le pedigree de Kerry est identique à celui de Kennedy (même Etat, le Massachusetts, mêmes études à Harvard), mais ses discours n'ont pas séduit hors de ses troupes. Malgré son insistance à remettre un peu d'ordre dans le capitalisme agressif en étendant, par exemple, la sécurité sociale, Kerry n'a pas trouvé d'écho dans l'Amérique profonde, pourtant en butte à de sérieuses difficultés économiques. Il a reproché à Bush son manque d'intelligence, mais son propre talent oratoire laisse à désirer. Devant le rouleau compresseur de son rival, Kerry a souvent été contraint de recourir à des formules trop nuancées, incertaines et changeantes. Ses propositions pour sortir de la guerre d'Irak, pour réformer la société américaine et recentrer la place des USA dans un monde multilatéral n'ont pas manqué d'intérêt, mais il n'est pas parvenu à les faire partager par le plus grand nombre. Contre le terrorisme, par exemple, ses réponses ont laissé perplexe. Il n'a proposé ni des méthodes pour mieux le combattre ni des objectifs pour l'éradiquer durablement. Dans la dernière ligne droite de la campagne électorale, il a fait appel au sénateur Ted Kennedy, le frère de JFK, mais, apparemment, cela n'a pas suffi pour qu'il devienne le 44e président des Etats-Unis. D. B.