Les protagonistes de la guerre en République démocratique du Congo ont signé, hier à Pretoria, un accord provisoire qui donne un sursis de deux ans au président Joseph Kabila. Un accord trop complexe pour ne pas poser de problèmes d'interprétation durant cette longue période transitoire. Le conflit en Côte-d'Ivoire fera aujourd'hui l'objet d'un sommet des Etats de la CEDEAO (Togo, Mali, Sénégal, Ghana, Niger et Guinée Bissao) à Accra ou à Dakar. En attendant, les militaires français sont invités à faire tampon entre forces loyalistes et rebelles pour encore quelques jours. On s'attend, en effet, à ce que la communauté d'Afrique de l'Ouest accélère enfin la mise en place de la force d'interposition décidée, le 29 septembre à Accra. Les deux conflits, malgré l'accord précaire concernant l'ex-Congo belge, ne semblent pas près d'être résolus. Les conflits en Afrique, qu'ils soient entre Etats, factions ou ethnies, nombreux, tendent à se prolonger, avec de graves conséquences sur les populations civiles livrées aux massacres, à l'errance, à la famine et aux épidémies. Plus de vingt pays africains ont été touchés ou sont intervenus, directement ou indirectement, dans une guerre. Le cadre théorique de résolution des conflits, l'OUA, aujourd'hui Union africaine, s'est révélé totalement inopérant. Les organisations régionales, malgré les tentatives de règlement des conflits des Grands Lacs, et plus récemment l'expérience de la crise ivoirienne, s'avèrent tout aussi désarmées — c'est le cas de le dire — devant des conflits militarisés. La CEDEAO n'a pas encore pu déployer sa force d'interposition en Côte-d'Ivoire, bien que la décision date d'il y a près de trois mois.L'Union africaine, qui assume en toute stérilité des crises de plus de trente ans, comme celle du Sahara occidental, a rarement contribué à la stabilité d'un continent qui contient, un peu partout, les ingrédients de conflagrations religieuses, politiques ou ethniques. Souvent, il fallut l'influence et les bons offices de quelques chefs politiques charismatiques, comme Nelson Mandela, quand ce n'est pas une intervention extra-africaine, pour aider à la résolution de certains conflits. L'UA s'occupe essentiellement de l'hypothétique NEPAD, qui, au demeurant, ne semble point mobiliser les bailleurs de fonds occidentaux, quand le continent prend feu de partout. La culture du putsch qu'elle tentait de bannir par une récente résolution semble, elle aussi, avoir la vie dure. Et ses régimes tardent à se démocratiser. L'Afrique ne s'est toujours pas donné les moyens politiques et institutionnels de sa stabilité. M. H.