L'élection présidentielle de demain devra conclure la longue transition entamée en 2003. D'avril 2003 -accord sur l'acte final de la Constitution et le lancement de la transition sous la présidence de Joseph Kabila- au 22 septembre 2006 qui a vu l'installation de la nouvelle Assemblée nationale, la République démocratique du Congo a franchi des étapes décisives vers la stabilisation. Le processus du retour à la normale sera parachevé par l'élection du président de la République pour laquelle l'électorat congolais est convoqué pour demain. Le duel pour la présidence opposera le président sortant, Joseph Kabila, à son challenger et vice-président Jean-Pierre Bemba, ancien leader rebelle. MM.Kabila et Bemba ont acquis le droit de postuler à la présidence lors du premier tour qui eut lieu le 30 juillet dernier qui a vu Joseph Kabila terminer premier avec 44,8% des suffrages devant M.Bemba et qui a totalisé 20%. Toutefois, les choses ne se présentent pas aussi simplement et la tension est à son summum, notamment, à Kinshasa où des partisans de MM.Kabila et Bemba se sont de nouveau affrontés faisant de nombreux morts et blessés dans les deux camps, au moment où la mission de l'ONU, en RD du Congo (Monuc), ne cesse d'appeler à la retenue et de demander aux deux candidats de contrôler leurs troupes. En effet, Joseph Kabila et Jean-Pierre Bemba entretiennent des forces armées «privées» qui se sont affrontées à plusieurs reprises durant ces trois derniers mois. Dans un communiqué rendu public mercredi, la Monuc a demandé aux candidats en lice pour le second tour de la présidentielle de demain à appeler publiquement leurs sympathisants au calme et à ne pas devancer l'annonce des résultats officiels. «Nous attendons des deux candidats qu'ils lancent un appel public au calme et à la discipline à leurs sympathisants», a déclaré le porte-parole adjoint de la Monuc, Jean-Tobie Okala, au cours d'un point de presse à Kinshasa. La Monuc souhaite également qu'«ils s'engagent à ne pas répéter les comportements du premier tour en s'autoproclamant unilatéralement vainqueur, en se mettant à la place de la Commission électorale indépendante (CEI) pour annoncer leurs résultats de l'élection», a-t-il ajouté. L'ONU, très impliquée en RDC, a déployé dans ce pays la plus importante de ses 18 missions de maintien de la paix avec 17 600 Casques bleus, fait tout pour que le scrutin de demain soit un succès. Par ailleurs, la situation s'est encore détériorée jeudi et vendredi après les émeutes qui se sont déclarées dans les prisons de Kinshasa ponctuées par l'évasion de 14 des 30 condamnés à mort dans l'assassinat de l'ancien président Laurent Désiré Kabila, père de l'actuel chef de l'Etat Ainsi, selon des ONG congolaises 14 de ces condamnés à mort ont mystérieusement «disparu» dans la nuit du lundi à mardi de la prison où ils étaient détenus et ont dénoncé «l'opacité» dans laquelle est gérée cette affaire Il n'en reste pas moins que des émeutes ont éclaté dans les prisons suivies par l'intervention musclée de la,police d'aucuns parlent de dures répressions ayant occasionné la mort d'hommes. Une source policière -plusieurs versions circulaient, hier, quant aux faits entourant les émeutes- a indiqué que les prisonniers se sont «révoltés» après les fouilles effectuées suite à «l'évasion» de détenus condamnés à mort pour l'assassinat le 16 janvier 2001 du président Laurent-Désiré Kabila. Toutefois, malgré les incidents plus ou moins graves qui l'entourent, l'élection présidentielle congolaise est la première libre, depuis plus de quarante ans, qui se tient dans des conditions de transparence et de démocratie jamais connues par le pays depuis l'indépendance en 1961. Le scrutin présidentiel de demain est suivi avec attention par les grandes puissances occidentales et asiatiques qui possèdent d'importants intérêts économiques en RD du Congo qui, dès lors, souhaitent que la consultation de ce dimanche aboutisse au rétablissement de la RDC dans tous ses droits par l'apport de dirigeants élus. Beaucoup de ces pays comme les Etats-Unis, la France ou la Chine sont engagés, directement ou non, en RDC, un pays qui regorge de richesses naturelles lesquelles suscitent toutes les convoitises. En effet, la RDC recèle 34% des réserves mondiales connues de cobalt, 10% des réserves de cuivre, mais aussi de l'uranium, de l'or et du pétrole. Pourtant, ces ressources peu et mal exploitées sont pillées par les multinationales depuis des décennies et n'ont pas profité au peuple congolais qui reste l'un des plus pauvres en Afrique malgré les richesses dont la nature a doté son pays. Aussi, le rendez-vous de demain est crucial pour la République démocratique du Congo qui espère ainsi tourner une page (sombre) de son histoire pour en ouvrir une nouvelle plus en phase avec les aspirations de la population