Les ennuis de santé du leader de l'OLP ont, de tout temps, alimenté les rumeurs et les spéculations en Israël avec le concours du Mossad et du Sin Beth. Les informations contradictoires sur l'état de santé de Yasser Arafat depuis l'annonce de sa maladie confirment la guerre de propagande que se livrent Israéliens et Palestiniens sur cette question depuis de longues années. L'intérêt que portent les autorités israéliennes à Arafat remonte au début des années quatre-vingt-dix, date à laquelle ont été entamés les pourparlers de paix entre les deux parties. L'accident d'avion dont il s'en est miraculeusement tiré en 1992 en Libye a été le point de départ des spéculations en Israël, notamment avec les rumeurs sur sa mort à la suite de l'opération au cerveau pour retirer un caillot de sang à Amman. Les agences de renseignements de Tel-Aviv, le Mossad et le Sin Beth, se sont alors relayées pour annoncer la mort et bon nombre de maladies qu'aurait attrapées Yasser Arafat. Ainsi, en 1994 une source hospitalière anonyme l'annonce comme victime d'une attaque cardiaque à Tunis. L'information est vite démentie de façon catégorique du côté palestinien. Trois années plus tard, Yasser Arafat est donné atteint de la maladie de Parkinson par les médias israéliens qui appuyaient leurs assertions par les tremblements de sa main, de son menton et de sa lèvre inférieure, considérés comme les symptômes de cette maladie. Outre les démentis de ses proches, son médecin personnel sort de sa réserve en 1999 pour affirmer que le raïs ne souffre pas de cette maladie, justifiant ses tremblements par “une tension nerveuse”. Depuis son confinement dans son quartier général de la Moukataâ, à Ramallah, en décembre 2001, le patron du Fatah fait l'objet d'une attention particulière de la presse israélienne qui rapporte régulièrement des complications de son état de santé. Dans le but de donner davantage de crédit à la marginalisation de Yasser Arafat dans les négociations de paix bilatérales, particulièrement dans le cadre de la feuille de route du quartette international, Israéliens et Américains ont accentué leur guerre de propagande sur son incapacité de diriger l'Autorité palestinienne. En septembre 2003, des journaux israéliens affirment que le président de l'Autorité palestinienne souffre d'une mystérieuse maladie. Deux mois plus tard, ils précisent qu'il s'agit d'un cancer de l'estomac. Des examens approfondis révèlent qu'il n'était question, en fin de compte, que d'un calcul biliaire ne nécessitant même pas une intervention chirurgicale. Le 8 octobre dernier, les médias israéliens reviennent à la charge pour faire leurs choux gras de la maladie de Yasser Arafat à la suite de l'information du quotidien britannique The Guardian faisant état d'une crise cardiaque bénigne dont il aurait été victime. C'était là le point de départ d'une campagne médiatique qui a atteint son summum avec l'annonce, en Israël, de la mort du chef de l'OLP, jeudi dernier. La guerre de propagande israélienne sur la maladie de Arafat se poursuivra jusqu'à son rétablissement ou à la confirmation de sa mort. K. A.