La mort suspecte de ce leader charismatique ne sera pas « gobée » de sitôt par le peuple palestinien. Nouveaux rebondissements, et non des moindres, dans la désormais affaire d'empoisonnement du président palestinien Yasser Arafat. Nasser Al-Qidwa en effet, représentant palestinien à l'ONU et neveu d'Arafat, doit se rendre incessamment en France en «qualité de parent» pour recevoir le dossier médical du défunt président palestinien Yasser Arafat décédé le 11 novembre dans un hôpital parisien, a indiqué jeudi le ministre des Affaires étrangères palestinien Nabil Chaath. Voilà qui coupe court aux argumentaires français visant à justifier le maintien sous le boisseau du secret défense des circonstances pour le moins douteuses liées au décès de cet homme qui a toujours incarné la cause nationaliste palestinienne et qui constituait le principal obstacle devant les velléités expansionnistes des colons sionistes. «Nous respectons la loi française (sur le secret médical) qui stipule que les informations médicales peuvent être fournies seulement à la famille», a déclaré M.Chaath à la presse, à Ghaza. Selon le ministre, outre Nasser Al-Qidwa, l'épouse de Yasser Arafat, Souha, va également demander le dossier médical du chef historique de la cause palestinienne. «Le rapport sera remis à Nasser Al-Qidwa qui le transmettra au comité», a indiqué Chaath en se référant à un comité ministériel mis en place pour enquêter sur les causes du décès de Yasser Arafat. Une pareille décision relance de plus belle la polémique sur le très probable empoisonnement de Yasser Arafat par des agents du Mossad à l'aide de puissantes et secrètes complicités au sein-même de la Moqataâ. Pour s'en convaincre, il n'est que de souligner ici qu'une commission d'enquête doit être instaurée dans ce sens. C'est du moins ce que rapporte l'agence de presse palestinienne Wafa qui est revenue sur la décision du Premier ministre palestinien Ahmed Qoreï de mettre en place une commission d'enquête pour suivre le dossier médical du président Yasser Arafat, affirmant que les palestiniens exigent «une commission technique, politique et humanitaire internationale pour faire la lumière sur le décès du président palestinien, cerné de confusion». Le Premier ministre palestinien et président du conseil de Sécurité nationale palestinien, Ahmed Qoreï a décidé mercredi de mettre en place une commission d'enquête pour suivre le dossier médical du président Yasser Arafat. La commission regroupera le ministre de la Santé, de hauts représentants des ministères des Affaires étrangères, de l'Intérieur et de la Justice ainsi que du secrétariat général de la présidence, les services de renseignement, le procureur général, le Croissant-Rouge palestinien et le médecin personnel du président. La commission est chargée d'entrer en contact avec toutes les parties et personnes susceptibles d'apporter des clarifications aux points sombres entourant la maladie et le décès du président Arafat. Le Premier ministre a appelé tous les spécialistes palestiniens à collaborer avec cette commission dans l'accomplissement de son enquête dans les meilleurs délais. La formation de cette commission fait suite aux interrogations de l'opinion publique palestinienne sur la maladie et le décès du défunt président notamment en l'absence d'informations exhaustives sur le diagnostic définitif de la maladie et les causes du décès. Wafa a appelé à fournir des explications sur la dégradation de la santé de Arafat s'interrogeant sur la manière dont le président a été empoisonné. L'agence estime en outre qu'il «est du droit de sa petite famille de préserver le secret» indiquant que les circonstances du décès sont obscures et suscitent notre méfiance. «Le black-out qui entoure la maladie et le décès est une atteinte à notre fierté». Durant les journées de l'Aïd El-Fitr, la maladie et le décès du président Yasser Arafat ont alimenté les rumeurs dans la rue palestinienne. Dans les milieux politiques, plusieurs voix ont crié à l'empoisonnement en se prévalant de l'apparition brusque de la maladie dont la cause reste encore inconnue. Dans les territoires palestiniens occupés, les rumeurs font état d'un complot ourdi pour assassiner le président Arafat en «l'empoisonnant dans son siège à la Moqataa (présidence palestinienne) à Ramallah». Une rumeur que conforte l'antécédent créé par le meurtre du Dr.Ouadie Haddad, un des responsables du Front Populaire pour la Libération de la Palestine (Fplp) et qui aurait présenté les mêmes symptômes observés chez Arafat. Des doigts accusateurs s'étaient alors pointés vers Israël. En outre la tentative d'empoisonnement du président du bureau politique du Hamas, Khaled Machaal à Amman corrobore la thèse de l'assassinat de Arafat. Abou Charif a été catégorique: «Arafat a bel et bien été empoisonné». Il a indiqué avoir rencontré le président palestinien 10 jours avant sa maladie et il était en bonne santé notamment mentale, a-t-il affirmé. Devant cette vague de spéculations, le Premier ministre palestinien, Ahmed Qoreï a officiellement demandé lundi au gouvernement français un rapport médical, dans les meilleurs délais, sur la maladie et le décès du président Yasser Arafat. La demande de M.Qoreï est intervenue sur une décision du comité exécutif de l'OLP, du comité central du mouvement Fatah et du conseil des ministres palestiniens. Pendant ce temps, les préparatifs et consultations, de plus en plus incertains, se poursuivent concernant la présidentielle palestinienne avec des appels au boycot lancés par des factions islamistes et un niet inexplicable opposé par Sharon concernant le vote des palestiniens résidant à Al-Qods.